Ottawa avait demandé au Soudan de cuisiner M. Abdelrazik, selon une ex-sénatrice
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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — L'ancienne sénatrice Mobina Jaffer a affirmé lundi que le directeur des services de renseignements soudanais lui avait expliqué en 2004 qu'il croyait que les autorités canadiennes lui avaient demandé de détenir le Montréalais pour le cuisiner.
Mme Jaffer, qui a pris sa retraite du Sénat plus tôt cette année, témoignait lundi en Cour fédérale dans le cadre de la poursuite au civil intentée par M. Abdelrazik contre Ottawa au sujet de sa détention au Soudan et des tortures qu'il y aurait subies il y a vingt ans.
Mme Jaffer s'est souvenue de sa rencontre au Soudan, en septembre 2004, avec Salah Gosh, qui était alors directeur des services de renseignements de ce pays d'Afrique.
Mme Jaffer, qui était à l'époque envoyée spéciale du Canada pour la paix au Soudan, a déclaré que M. Gosh lui avait dit qu'Ottawa croyait que M. Abdelrazik était un terroriste. Selon lui, le Canada voulait qu'il découvre si le Montréalais était effectivement un intégriste musulman.
M. Gosh aurait alors informé l'envoyée spéciale canadienne que les services de renseignements soudanais avaient essayé «toutes sortes de moyens» pour savoir si M. Abdelrazik était un terroriste, mais qu'ils étaient entièrement convaincus que non. Il aurait ajouté qu'il était temps pour le Canada d'accepter que son ressortissant rentre chez lui.
Mme Jaffer a précisé que ce n'était un secret pour personne que les services de renseignements soudanais utilisaient des méthodes brutales: elle a donc immédiatement su que M. Abdelrazik avait dû subir des conditions de détention particulièrement difficiles dans ce pays.
M. Abdelrazik poursuit au civil le gouvernement fédéral, alléguant que des fonctionnaires ont organisé son emprisonnement arbitraire, encouragé sa détention par les autorités soudanaises et activement entravé son rapatriement au Canada, pendant plusieurs années.
Jim Bronskill, La Presse Canadienne