N.-B.: Le ministère de la Santé ne suit pas ses délais, dit le vérificateur général

FREDERICTON — Le ministère de la Santé du Nouveau-Brunswick ne parvient pas à fournir un traitement rapide aux personnes ayant des problèmes de toxicomanie et de santé mentale, selon le vérificateur général de la province.

Paul Martin a publié mardi un rapport indiquant qu'en raison de l'augmentation de la demande d'orientation, d'évaluation et de traitement, les temps d'attente dépassaient souvent les critères du ministère pour la période allant du 1er avril 2022 et le 31 mars 2024.

«Il est regrettable que les délais et les attentes soient très longs, a déclaré M. Martin lors d'une conférence de presse. J'étais très préoccupé de voir le temps qu'il faut aux gens pour obtenir de l'aide, mais je suis encore plus préoccupé de voir des gens disparaître de la liste sans aucun traitement et sans savoir ce qui leur est arrivé. Est-ce que c'est parce que ça a pris trop de temps?»

Le rapport indique que plus d'un Néo-Brunswickois sur cinq sera confronté à un trouble lié à la consommation d'alcool ou de drogue au cours de sa vie et, chaque année, près d'un sur dix cherchera un traitement pour un trouble de l'humeur ou de l'anxiété.

Les propres chiffres du ministère montrent aussi que moins de 50% des cas hautement prioritaires ont reçu un traitement dans les délais nationaux. Depuis 2020, le nombre de demandes de services de toxicomanie et de santé mentale a augmenté de 37%, passant de 23 600 en 2020-2021 à plus de 32 400 en 2023-2024. En avril 2024, plus de 5000 demandes étaient toujours sur la liste d’attente pour une évaluation.

M. Martin a constaté que le ministère de la Santé n’a pas d’objectifs concernant les temps d’attente minimum pour les personnes qui ont été orientées et attendent une évaluation. Son rapport indique que cela doit changer.

En ce qui concerne les personnes qui ont été évaluées et qui cherchent un traitement, les critères de référence sont de 14 jours pour les cas hautement prioritaires, de 56 jours pour les cas modérés et aucun objectif n'est inscrit pour les cas peu prioritaires.

Entre 2022 et 2024, le critère de référence pour les cas hautement prioritaires n’a été atteint que 44% du temps, avec 433 personnes attendant plus de 100 jours. En conséquence, 2868 patients évalués attendaient un traitement en avril 2024. Et environ un quart de ces personnes attendaient depuis plus d’un an.

Comprendre le problème

M. Martin a également constaté que, sur les 63 291 demandes d’aiguillage effectuées par le ministère entre avril 2022 et mars 2024, un tiers ont été fermées sans traitement. Les trois principales raisons étaient que le client ne s’est pas présenté, que le ministère n’a pas pu trouver le client ou, enfin, le client s’est lui-même retiré du processus.

«Ce qui m’a le plus surpris, c’est le nombre de personnes qui sont sorties du système», a déclaré M. Martin.

«Si quelqu’un ne se présente pas, s’il décide de se retirer de la liste, reçoit-il l’aide dont il a besoin? (…) Personne ne fait de suivi pour creuser les détails de cette situation.» Le vérificateur général a demandé au ministère de découvrir ce qui se passe.

Entre-temps, l’audit a révélé que le comité consultatif des services de santé mentale de la province, qui fournit des conseils au ministre de la Santé, ne s’est pas réuni depuis 2018. En vertu de la législation provinciale, il est censé se réunir au moins quatre fois par an.

«Par conséquent, le ministère ne se conforme pas à la Loi sur les services de santé mentale», indique le rapport.

Sur un autre plan, le rapport a constaté que, même si les deux autorités sanitaires de la province avaient compilé des évaluations des besoins en matière de toxicomanie et de services de santé mentale, le ministère ne les avait pas utilisées lors de la préparation de son budget.

«Sans une évaluation adéquate des besoins, le ministère ne peut pas budgétiser de manière appropriée les besoins de la population», note le rapport.

— Avec des informations d'Hina Alam

Michael MacDonald, La Presse Canadienne