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Menaces de Donald Trump: François Bonnardel veut resserrer la sécurité à la frontière

durée 15h33
3 décembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Les menaces de Donald Trump pèsent lourd au nord de la frontière alors que le ministre québécois de la Sécurité publique, François Bonnardel, a donné l’impression, mardi, d’un homme qui ne voulait pas déplaire à son puissant voisin du Sud à l’issue d’une rencontre avec les autorités policières et frontalières, tant canadiennes qu’américaines.

Le président élu a invoqué le passage à ses frontières de «migrants illégaux» et de drogues, plus spécifiquement de fentanyl, pour justifier son intention d’imposer des tarifs de 25 % sur l’ensemble des produits canadiens et mexicains qui entrent aux États-Unis. Les participants à la rencontre de mardi provenaient, du côté canadien, de la Sûreté du Québec (SQ), de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) et, du côté américain, de la US Border Patrol, du Homeland Security Department et du Bureau of Alcohol, Tobacco and Firearms.

M. Bonnardel a d’abord affirmé, à l’issue de cette rencontre, «que présentement la situation est sous contrôle» à la frontière, après avoir fait référence une première fois aux «inquiétudes que le président élu (Donald Trump) a nommées voilà quelques semaines déjà».

«Conscient du message» de Trump

Dans les minutes suivantes, interrogé spécifiquement sur les menaces de Donald Trump de déporter massivement les personnes se trouvant aux États-Unis sans statut légal, il a répété que «tout le monde est conscient de la situation, tout le monde est conscient du message qui est envoyé par le président élu. On reste quand même avec des éléments d'incertitude qui pourraient survenir dans les prochains mois, les prochaines semaines.»

Dans l’immédiat, M. Bonnardel s’est fait rassurant, affirmant qu’«il n’y a aucune information du côté de l'intelligence que la GRC nous donne, la SQ, que nos collègues américains nous donnent, il n’y aucune information qui nous indique qu'il pourrait y avoir un flux de migrants important qui pourrait traverser du côté US (américain) vers le Canada, vers le Québec».

Le ministre a dit s’attendre à recevoir rapidement le plan fédéral annoncé par le premier ministre Justin Trudeau pour resserrer la sécurité à la frontière, disant souhaiter que «les ressources soient adéquates pour bien protéger la frontière».

Hausse marquée des entrées illicites aux É.-U.

François Bonnardel n’a toutefois pas eu le choix d’admettre que les passages illégaux vers les États-Unis sont en très forte hausse depuis trois ans et ont déjà atteint la barre des 25 000 en 2024, dont 19 000 dans le corridor entre Cornwall et Sherbrooke, donc surtout sur la portion québécoise de la frontière canado-américaine. «C'est une augmentation qu'on doit dire quand même assez importante dans les trois dernières années-là pour la portion Québec. (…) On est passé de 600 à près de 7000, à près de 19 000 dans un horizon d'à peu près 24 mois. Donc c'est quand même assez important le flux migratoire (...) du Canada vers les États-Unis.»

Fait à noter, un grand nombre de ces passages sont attribuables à des ressortissants originaires de l’Inde. Aussi, les autorités ont du mal à comprendre que, parmi ces entrées illicites, «il y a quand même des légaux. Il y a des personnes avec des statuts permanents au Canada, bizarrement, qui décident de vouloir traverser de façon illégale», s’est étonné le ministre.

Dans le sens inverse, M. Bonnardel n’a pas donné de chiffre globaux, mais a parlé d’environ 150 passages par semaine au poste de Lacolle seulement, ce qui signifie 7800 passages sur une base annuelle pour ce seul poste frontalier, mais il a soutenu qu’il s’agit là d’une «situation qui est stable pour les agents frontaliers».

«Très lucide»

François Bonnardel a répété à plusieurs reprises qu’il «reste quand même très lucide», ajoutant qu’il y a «des éléments d'incertitude qui sont importants. On ne peut pas prévoir ce qui va se passer dans les prochains mois, sinon les prochaines semaines».

Il a aussi affirmé plus d’une fois un message qui sera sans doute bien reçu dans les bureaux de Donald Trump, soit que «ce qui est important, c'est que la frontière soit protégée, bien protégée dans les deux sens».

Il estime que cette protection sera assurée par ce qu’il appelle «les trois remparts» successifs, soit l’ASFC en première ligne, la GRC en seconde et enfin la SQ en troisième ligne dans les municipalités frontalières.

Il ajoute que le gouvernement fédéral lui a donné l’assurance «qu’ils sont capables de répondre le plus rapidement possible s'il y avait plus de migrants, donc être capable de déplacer des effectifs partout sur le territoire de l'Est, en tout cas de l'Est du Canada».

En terminant, le ministre est revenu à la charge pour soutenir la position américaine. «Il y a un flux migratoire pour le moment qui est en augmentation quand même de façon très importante entre le Canada vers les États-Unis. Eux nous ont mentionné quand même que les chiffres avaient augmenté. Donc, là-dessus, quand je dis qu'il faut protéger la frontière dans les deux sens, c'est dans les deux sens. (…) Autant on ne veut pas voir un flux migratoire des États-Unis vers le Canada que nos amis, nos partenaires américains souhaitent la même chose de l'autre côté. L'effort de guerre doit venir autant des deux parties», a-t-il fait valoir.

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne

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