Les microbrasseries invitent à la prudence face au retrait de barrières commerciales


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — L’Association des microbrasseries du Québec (AMBQ) invite le gouvernement Legault à la vigilance dans ses efforts pour éliminer des obstacles au commerce entre les provinces.
L'association salue la volonté d'enlever certaines barrières interprovinciales dans le contexte des tensions commerciales entre le Canada et les États-Unis. Mais elle souhaite «lever un drapeau» en matière de vente d'alcool.
Si des changements ont lieu à ce chapitre, ils devront s'accompagner de gains pour les producteurs québécois qui pourraient devoir céder des parts de marché à d'autres concurrents canadiens, demande-t-elle.
«Avant de permettre l’entrée massive de produits canadiens sur nos tablettes», la présidente de l'AMBQ souhaite un «traitement réciproque» des autres provinces, afin que «les microbrasseries québécoises aient aussi un accès libre au marché canadien».
«Il faut s'assurer d'avoir des chances équivalentes», dit Marie-Ève Myrand, en entrevue.
Elle soutient que la commercialisation est structurée différemment d'une province à l'autre. Par exemple, en comparaison avec l'Ontario, le cadre légal qui régit la vente d’alcool au Québec demeure plus souple, mentionne-t-elle.
«On a quand même un marché qui est libéralisé en termes de vente d'alcool au Québec. L'Ontario commence en ce moment à vendre de l'alcool dans les dépanneurs et les épiceries. (...) Notre marché est beaucoup plus ouvert», affirme Mme Myrand.
Vente directe aux consommateurs
L'AMBQ salue toutefois sans hésitation la volonté de Québec de permettre, de concert avec d'autres provinces, la vente directe de produits alcoolisés canadiens aux consommateurs. Une initiative où tous les brasseurs du pays seraient sur le même pied d'égalité, estime Mme Myrand.
Le premier ministre François Legault a annoncé la semaine dernière que «le Québec se joint donc à un groupe de provinces qui travailleront» en ce sens.
Pour les microbrasseries québécoises, ce changement réglementaire pourrait leur permettre de vendre en ligne et de sous-traiter leurs activités de livraison de bières à un tiers.
Sans constituer «une révolution», cet assouplissement apporterait une corde de plus à l'arc de l'industrie brassicole québécoise, mentionne Mme Myrand.
«C'est un outil de plus dans le coffre à outils des microbrasseries pour être capables de faire évoluer leur modèle d'affaires, affirme-t-elle. Une microbrasserie qui serait très éloignée, par exemple, ça peut être intéressant de procéder à de l'envoi postal.»
«Dans le secteur des boissons alcooliques, on a tellement de restrictions partout que ça fait du bien de voir qu'on (assouplit) et qu'on a des options supplémentaires vers lesquelles on peut se tourner», ajoute-t-elle.
Mme Myrand précise que la livraison directe aux consommateurs devra être encadrée pour s'assurer notamment que «l'alcool ne tombe pas entre les mains de mineurs».
L'Union québécoise des microdistilleries (UQMD) a aussi applaudi la volonté du gouvernement Legault, parlant d'un «tournant historique pour l'industrie des spiritueux québécois».
Un assouplissement des règles de vente au Québec permettrait aux distillateurs d'avoir les mêmes outils que les joueurs américains «pour prospérer et renforcer leur position face à cette concurrence inégale», selon l'UQMD.
Frédéric Lacroix-Couture, La Presse Canadienne