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Les femmes handicapées plus à risque d'être sans abris à cause d'abus, dit un rapport

durée 20h53
4 décembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

SAINT-JEAN — Les femmes handicapées sont plus susceptibles de se retrouver sans abri à cause de la violence ou des abus, selon un nouveau rapport qui examine les inégalités en matière de logement au Canada.

Pas moins de 63% des femmes handicapées qui ont connu l'itinérance ont déclaré que c'était à cause de la violence, contre 54% des femmes sans handicap, indique une déclaration commune de la Commission canadienne des droits de la personne et le Bureau du défenseur fédéral du logement.

Ce chiffre n'a pas surpris Vicky Levack, porte-parole de la Disability Rights Coalition of Nova Scotia.

Les femmes handicapées sont confrontées à un risque plus élevé d'abus ou de violence, souvent aux mains de leurs proches: leurs soignants, leurs partenaires amoureux ou les deux, a-t-elle affirmé.

Mme Levack est elle-même atteinte de paralysie cérébrale. Peu de refuges sont accessibles ou peuvent fournir des soins, donc si les femmes doivent fuir, il n'y a pas beaucoup d'options de logement d'urgence disponibles.

«Même si je pouvais entrer dans le refuge (ce que je ne peux pas de toute façon, mais même si je le pouvais), il n'y aurait personne pour prendre soin de moi, a déclaré Mme Levack dans une entrevue mercredi. Si je devais fuir, je n’aurais nulle part où aller.»

«Ce sont des cibles faciles», a-t-elle ajouté.

Les données publiées mardi ont été compilées principalement par Statistique Canada. L'objectif est de vérifier continuellement si le Canada respecte ses obligations en matière de droits de la personne, comme demandé par le droit national et international, a indiqué Carleen McGuinty, gestionnaire à la Commission canadienne des droits de la personne.

Le rapport indique que les personnes handicapées sont plus susceptibles de manquer un paiement de loyer ou d’hypothèque et de se retrouver sans abri en raison de problèmes financiers que les personnes non handicapées. Elles sont également plus susceptibles de vivre dans des logements présentant des risques pour la santé, comme de la moisissure ou des infestations de parasites.

Ces problèmes étaient plus graves pour les personnes autochtones handicapées que pour les personnes non autochtones handicapées.

Près de 40% des personnes handicapées ont affirmé ne pas recevoir l’aide appropriée pour vivre de manière autonome et 16% ont déclaré ne pas se sentir en sécurité chez elles.

Ces résultats s’ajouteraient à un nombre croissant de preuves montrant que les personnes handicapées au Canada se voient refuser leurs droits fondamentaux, selon le communiqué.

«Ils sont surreprésentés dans tous les aspects du logement inadéquat et de l'itinérance», est-il précisé.

Le tableau que dresses ces données est incroyablement frustrant pour Mme McGuinty, qui note qu'environ 27% des Canadiens se sont identifiés comme ayant un handicap en 2022, selon Statistique Canada.

«Ça signifie que plus d'un quart de la population connaît ces situations de logement vraiment difficiles et que leurs droits ne sont tout simplement pas respectés».

En Nouvelle-Écosse, où vit Mme Levack, ce chiffre est de 38%, le plus élevé du pays.

Les statistiques publiées mardi ont touché Mme Levack. Elle a été forcée de passer la majeure partie de sa vingtaine dans une maison de retraite, une expérience traumatisante dont elle se remet encore, a-t-elle déclaré. Elle a été maltraitée et agressée sexuellement.

Elle a remporté une bataille juridique contre le gouvernement de la Nouvelle-Écosse en 2021 et a finalement pu emménager dans son propre appartement fin 2022.

Les personnes handicapées sont exclues des discussions et de la planification importantes concernant le logement, malgré leurs risques et leurs besoins, a estimé Mme Levack.

«Nous sommes souvent ignorés – pas même ignorés, car ignorer signifie faire activement quelque chose pour ne pas parler de nous, a-t-elle déclaré. Le plus souvent, nous sommes oubliés, comme si nous n'existions même pas.»

Les conclusions de mardi feront partie d'un rapport plus vaste soumis aux Nations Unies en mars, lorsque l'organisation internationale examinera le bilan du Canada en matière de respect des droits humains des personnes handicapées, a indiqué Mme McGuinty.

«Nous allons exhorter l'ONU à demander au Canada d'examiner vraiment attentivement cette question et d'agir, car la situation est désastreuse», a-t-elle déclaré.

Sarah Smellie, La Presse Canadienne

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