Les cours de musique renforceraient le contrôle de l'inhibition chez les enfants
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Apprendre à jouer d'un instrument de musique semble aider les enfants à contrôler leur impulsivité, à se concentrer sur une seule tâche et à faire fi des distractions autour d'eux, ont constaté des chercheurs de l'Université de Montréal.
À une époque où on a parfois l'impression qu'une épidémie de TDAH déferle sur nos écoles et que les enfants qui ne prennent pas un petit comprimé le matin sont en minorité, les cours de musique pourraient donc être une stratégie très utile pour aider les enfants à mieux fonctionner non seulement en classe, mais dans la société en général
«Malheureusement, en ce moment, on a plutôt tendance à réduire les cours de musique à l'école, a déploré l'auteur de l'étude, le chercheur Kevin Jamey. Mais cette étude nous dit, attention, on pourrait perdre un effet magnifique qui dérive de l'étude de la musique.»
Dans le cadre de sa thèse de doctorat supervisée par le professeur Simone Dalla Bella, M. Jamey a passé en revue vingt-deux études réalisées dans neuf pays et publiées entre 1980 et 2023. Ces études portaient sur 1734 enfants âgés de 3 à 11 ans. Huit d'entre elles étaient des essais contrôlés randomisés, l'étalon-or de la recherche, et quatorze étaient des études longitudinales.
M. Jamey a constaté que l'étude de la musique avait un effet allant de modéré à important sur le contrôle de l'inhibition par les enfants. Cet impact positif a été observé peu importe l'âge de l'enfant, l'intensité de la formation ou la méthode d'enseignement utilisée.
La méta-analyse a mesuré une amélioration du contrôle de l'inhibition après seulement trois cents minutes de formation musicale, ce qui correspond par exemple à cinq séances d'une heure ou à dix séances d'une demi-heure.
Les leçons privées, surtout si elles sont offertes en dehors d'un contexte scolaire, sont celles qui ont semblé avec l'effet le plus important, possiblement parce que c'est à ce moment qu'il y a le moins de distractions pour l'enseignant et son élève.
«On a vu qu'il y a un entraînement net qui se fait et qui a un effet beaucoup plus grand qu'on ne le croyait jusqu'à présent, a dit M. Jamey. La musique est une activité hyper intense et très complexe, qui utilise plein de modalités différentes et qui est unique en son genre.»
L'effet positif de la musique est encore plus important que celui que d'autres études ont associé aux jeux vidéo ou même à l'entraînement cognitif, a-t-il ajouté.
Le but ultime, a dit M. Jamey, est de pouvoir fournir aux décideurs publics des recommandations solides, ancrées dans la science.
«Il faut reconnaître qu'on n'a pas beaucoup de temps avec nos enfants après l'école, a conclu M. Jamey. Alors, quelle serait la meilleure activité pour améliorer leur apprentissage et le développement de leurs cerveaux? Je pense que c'est le travail de la science de trouver (des données) pour améliorer l'éducation de nos enfants.»
Les conclusions de cette méta-analyse ont été publiées par le journal médical Cognition.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne