Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Les coupes pratiquées par le DOGE d'Elon Musk auront aussi des impacts au Canada

durée 14h37
12 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
durée

Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

ST. JOHN'S — Un météorologue qui avait appelé le maire de Port aux Basques, à Terre-Neuve, pour lui recommander d'évacuer les résidants habitant sur la trajectoire de la tempête post-tropicale Fiona en 2022 affirme que les coupes aux services météorologiques américains pourraient avoir des répercussions au Canada atlantique, une région sujette aux ouragans.

Eddie Sheerr fait partie d'un nombre croissant de météorologues et de scientifiques canadiens qui tirent la sonnette d'alarme concernant les coupes budgétaires draconiennes imposées à l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) par le département américain de l'Efficacité gouvernementale (DOGE), dirigé par le milliardaire Elon Musk.

M. Sheerr, météorologue à la chaîne de télévision NTV, à Saint-Jean, utilise «quotidiennement» les données et la modélisation de la NOAA, qui «compte parmi les meilleurs prévisionnistes et météorologues d'ouragans au monde».

Or, des centaines de météorologues et d'autres employés de la NOAA ont perdu leur emploi le mois dernier suite aux licenciements massifs orchestrés par le DOGE au sein de l'appareil gouvernemental américain. En date de lundi, environ 1300 employés de la NOAA avaient démissionné ou avaient été congédiés, et un millier d'autres départs étaient attendus, selon le «New York Times».

Cette agence fédérale publie des prévisions météorologiques quotidiennes et lance des alertes pour les tornades, les ouragans, les tsunamis, les incendies de forêt et les inondations. Elle comprend le Service météorologique national et le Centre national des ouragans, qui suit, étudie et prédit les ouragans dans les océans Pacifique et Atlantique.

M. Sheerr raconte qu'il s'était basé sur les données de la NOAA lorsqu'il a téléphoné au maire de Port aux Basques, Brian Button, la veille du passage de Fiona dans cette localité située à la pointe sud-ouest de l'île de Terre-Neuve, en septembre 2022. Le météorologue a convaincu le maire de faire évacuer les maisons les plus proches de l'eau: la tempête post-tropicale a finalement détruit une centaine de maisons dans la région — et une femme a même été emportée au large.

Une mine d'informations

Les données de la NOAA rendent aussi les prévisions et les alertes météorologiques canadiennes plus précises, a expliqué M. Sheerr.

«Moins un modèle informatique dispose de données, moins sa représentation est précise, dit-il. Et comme cette représentation est ensuite utilisée comme un instantané pour établir des prévisions ultérieures, vos erreurs pourraient être plus importantes.»

Dans une publication sur les réseaux sociaux, Ryan Snoddon, météorologue à «CBC News» dans les Maritimes, estime lui aussi que les coupes budgétaires au service météorologique américain se feront sentir au Canada atlantique. Les ballons météorologiques de l'agence américaine fournissent des données de prévision et des informations «très importantes» pendant les tempêtes, a-t-il écrit sur la plateforme Bluesky la semaine dernière.

Des données manquent déjà, car certains lancements de ballons météorologiques ont été annulés en raison des réductions de personnel, a déclaré Jim Abraham, premier directeur du Centre canadien de prévision des ouragans.

Les licenciements à la NOAA ont été «chaotiques» et il ne semble pas y avoir de véritable plan pour déterminer ce qui sera supprimé ou non, a déclaré en entrevue ce météorologue retraité d'Environnement Canada. Jusqu'à présent, il a été difficile de mesurer les impacts de ces réductions.

Anya Waite, océanographe à l'Université Dalhousie, souligne que la NOAA est un «énorme moteur» d'informations et un important bailleur de fonds pour des recherches importantes. La NOAA permet également de combiner les données océaniques et atmosphériques, ce que d'autres agences ne peuvent pas faire.

«Nos prévisions météorologiques seront moins bonnes, a déclaré en entrevue la directrice générale et scientifique de l'«Ocean Frontier Institute» de Dalhousie. Et nous sommes à une époque où la météo est très importante. Notre climat change et les systèmes météorologiques comme les ouragans représentent une menace croissante pour nous.»

Mme Waite craint que le projet de la NOAA visant à améliorer les prévisions de l'intensité des tempêtes soit compromis ou abandonné. «Ce type d'information est vraiment important pour la planification côtière, pour nos infrastructures et pour les compagnies d'assurance, a-t-elle rappelé. C'est une information vitale.»

Sarah Smellie, La Presse Canadienne

app-store-badge google-play-badge