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Les conservateurs veulent des audiences sur la menace des tarifs douaniers américains

durée 18h03
17 décembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

5 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Les conservateurs demandent au Parlement de tenir des audiences en janvier sur le commerce entre le Canada et les États-Unis avant l'entrée du président élu Donald Trump à la Maison-Blanche, alors que les entreprises et les experts cherchent une réponse cohérente à la menace des tarifs.

Le chef conservateur, Pierre Poilievre, a soutenu mardi que «nous avons un président américain élu avec un mandat fort, qui est un négociateur puissant qui peut repérer les faiblesses à un kilomètre».

Donald Trump a menacé d'imposer des tarifs de 25 % sur toutes les marchandises en provenance du Canada à moins qu'il ne mette fin au flux de migrants et de drogues illégales aux États-Unis, bien que les responsables affirment que les deux passent du Canada en quantités négligeables.

Les conservateurs disent qu'ils n'ont aucune confiance dans les libéraux pour gérer la situation après la démission lundi de l'ancienne ministre des Finances, Chrystia Freeland, qui devait jouer un rôle majeur dans l'élaboration de la réponse du Canada face à M. Trump. Entre-temps, les premiers ministres provinciaux ont proposé des politiques contradictoires pour traiter avec les États-Unis.

Les conservateurs veulent que le comité du commerce de la Chambre tienne des audiences à partir de la semaine du 6 janvier jusqu'à l'investiture de M. Trump le 20 janvier pour entendre les ministres, les hauts fonctionnaires et l'ambassadeur du Canada à Washington.

Le rôle central de Freeland

Chrystia Freeland a joué un rôle central dans la négociation du nouvel accord de libre-échange nord-américain avec les États-Unis et le Mexique pendant la première présidence du milliardaire républicain.

Elle devait à nouveau montrer la voie, présidant un comité des relations Canada-États-Unis au sein du cabinet qui a été relancé après la victoire de M. Trump aux élections de novembre, et participant à deux récentes réunions du premier ministre Trudeau avec les premiers ministres des provinces pour tenter de façonner une approche unie d'Équipe Canada.

Mme Freeland a quitté son poste de ministre des Finances lundi, affirmant que Justin Trudeau lui avait offert un autre poste au sein du cabinet et qu'ils n'étaient pas d'accord sur ce qu'elle a appelé des «astuces politiques coûteuses» alors que le Canada se prépare à une guerre tarifaire.

«Elle a fait un excellent travail dans la renégociation de l'ALENA», a souligné Roland Paris, qui dirige l'École supérieure d'affaires publiques et internationales de l'Université d'Ottawa. « De toute évidence, la situation a été mal gérée et Freeland s'est sentie humiliée.»

Pourtant, M. Paris, qui a conseillé Justin Trudeau en politique étrangère, a déclaré qu'il était clair que Mme Freeland avait irrité Donald Trump. Lundi, le président élu a décrié la ministre démissionnaire sur la plateforme Truth Social, affirmant qu'elle ne lui manquerait pas.

«Son comportement était totalement toxique et pas du tout propice à la conclusion d'accords qui sont bons pour les citoyens très mécontents du Canada», a-t-il écrit.

Pierre Poilevre a fait valoir que la publication du président élu sur les réseaux sociaux montre la mauvaise gestion des relations des libéraux avec les États-Unis, et a soutenu qu'il ferait un bien meilleur travail en tant que premier ministre.

«Le président Trump a clairement indiqué qu'il voulait nos emplois et notre argent. Le spectacle de clown chaotique de Justin Trudeau ne fera que l'aider à les obtenir», a lancé M. Poilievre aux journalistes, à Mississauga, en Ontario.

Les libéraux ont affecté lundi 1,3 milliard $ sur six ans au renforcement de la sécurité des frontières et à l'intégrité du système d'immigration, en réponse aux inquiétudes de Donald Trump.

Le chef conservateur n'a pas voulu dire lundi combien il dépenserait pour sécuriser la frontière, affirmant que le problème n'était pas une question de montants à dépenser, mais de «troupes sur le terrain» et du nombre d'hélicoptères et de drones.

Les provinces font bande à part

Entre-temps, les provinces se sont montrées en désaccord sur la façon de répondre à la menace de M. Trump d'imposer des tarifs. Toutes ont été invitées à identifier les mesures qu'Ottawa pourrait utiliser pour riposter contre les États-Unis si nécessaire, bien que certaines soient allées plus loin.

Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a déclaré qu'il était prêt à couper les exportations d'électricité vers les États limitrophes, tandis que la première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, a exclu de faire de même pour les exportations de pétrole et de gaz.

Mme Smith a proposé une force frontalière provinciale pour la frontière de 300 kilomètres avec les États-Unis, tandis que le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, a appelé à une élection basée sur la façon dont le Canada devrait traiter avec Donald Trump.

Malgré tout, Doug Ford a affirmé lundi que les premiers ministres adopteraient une approche «Équipe Canada» avec Ottawa, décrivant les provinces et les territoires comme plus stables que le gouvernement fédéral.

Il a déclaré que tous les premiers ministres étaient d’accord sur la nécessité de renforcer la sécurité aux frontières et que le Canada devait respecter son engagement envers l’OTAN de consacrer 2 % de son PIB à la défense nationale, un engagement que Justin Trudeau s’est engagé à respecter d’ici 2032.

«C’est le chaos en ce moment à Ottawa et il est temps que nous, les premiers ministres, fassions ce que nous faisons chaque jour: que nous nous mobilisions et nous assurerions de dire au monde qu’il y a de la stabilité ici», a argué Doug Ford lundi, ajoutant que les premiers ministres prévoient d'effectuer une mission à Washington, en février.

M. Paris a souligné qu’il était crucial que les premiers ministres aient une réponse cohérente qui soit en phase avec Ottawa, sinon Washington risque d’exploiter les divisions nationales.

«Les politiciens sont très tentés d’exploiter l’impopularité évidente de Justin Trudeau à leur propre avantage local, a-t-il analysé. Mais c’est un moment où il est vraiment dans l’intérêt national que les dirigeants canadiens, dans la mesure du possible, coordonnent leurs efforts et leurs messages envers les États-Unis.»

Il a insisté sur le fait qu'il n'était pas utile d'avoir «11 ministres des Affaires étrangères», un par province, et a ajouté que certains premiers ministres se laissaient prendre à ce qu'il a qualifié d'habitude chez M. Trump de tenter de déstabiliser un adversaire avant une négociation en l'obligeant à faire des concessions préventives.

«Malgré l'instabilité à Ottawa, il incombe aux premiers ministres de travailler avec le gouvernement actuellement en place pour coordonner leurs efforts avec l'administration Trump», a-t-il dit. «Nous n'avons qu'un seul premier ministre à la fois.»

La Chambre de commerce du Canada a tenu une réunion d'urgence mardi pour discuter de l'impact prévu des tarifs américains, avec plus de 100 groupes sectoriels invités à y assister.

Dylan Robertson, La Presse Canadienne

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