Les cégeps ravis du recul de l'OIIQ sur le bac obligatoire en soins infirmiers
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — L'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), qui souhaitait que les prochaines générations d'infirmières détiennent obligatoirement un diplôme d'études universitaires, suspend temporairement ce projet.
L'OIIQ a confirmé à La Presse Canadienne qu'elle mettait sur pause son processus de révision de la norme d'entrée à la profession. Il a indiqué qu'il consacre tous ses efforts à l'amélioration de l'examen professionnel d’admission à la profession.
Le président-directeur général de la Fédération des cégeps, Bernard Tremblay, se réjouit de cette décision.
«C’est vraiment une bonne nouvelle et je dirais une nouvelle qui tombe à point parce qu’à ce stade-ci, notre grand souci à tous, c’est l’accès à la profession en soins infirmiers et on est à l’approche des demandes d’admission», a-t-il déclaré. M. Tremblay estime que cela envoie un signal positif aux étudiants et aux futurs candidats.
«On se réjouit évidemment de voir que l’Ordre semble comprendre comme nous qu'il a un enjeu pour inciter les jeunes à s’engager dans la profession d’infirmier et infirmière», a-t-il ajouté.
Le rôle du ministère
Depuis que l’Ordre a «dénigré la valeur du diplôme technique», selon les termes de M. Tremblay en octobre dernier, le réseau collégial a enregistré une baisse de 7 % des inscriptions au DEC en soins infirmiers.
Le PDG a toutefois nuancé que cette baisse s'inscrit dans un contexte plus large. Certes, l’Ordre a un rôle à jouer, mais il y a aussi d'autres facteurs qui font en sorte que la profession peut être moins attrayante, a-t-il dit.
«Ça nous préoccupe énormément et on pense d’ailleurs qu’il y a un rôle qui revient au ministère de la Santé et des Services sociaux que je trouve particulièrement muet malheureusement», a mentionné M. Tremblay.
Il souhaite que le ministère, qui est le plus grand employeur des infirmières, valorise la formation collégiale en soins infirmiers et reconnaisse qu’il y a des enjeux quant à l'organisation du travail. «Ça aiderait à résoudre une partie des problèmes», dit-il.
Selon ses données, le DEC offre une formation de 4125 heures tandis que le nombre d’heures de la formation universitaire oscille entre 4600 et 4800.
«Ce que dénonce l’Ordre, et on est d’accord là-dessus, c'est qu'il faut que le programme de DEC soit adapté à la réalité d’aujourd’hui», a expliqué M. Tremblay. Il a fait savoir que le programme collégial n'avait pas été révisé depuis 20 ans et que la Fédération des cégeps demande «depuis très longtemps» une révision du programme par le ministère de l'Enseignement supérieur.
La Fédération serait ouverte à ce que le programme soit allongé si nécessaire, par exemple en un DEC de trois ans et demi.
Examen modifié à venir en mars
Sur son site web, l'OIIQ indique qu'il a suspendu pour une période indéterminée l’implantation de l'examen américain NCLEX-RN. «De ce fait, il est recommandé aux candidates et candidats à l’exercice de la profession infirmière de ne pas attendre le NCLEX-RN pour s’inscrire à l’examen professionnel», peut-on lire.
L'examen américain était «une menace importante», a commenté M. Tremblay. Selon lui, cet examen est «complètement déconnecté de la réalité québécoise» et il ne s’appuie pas sur la formation collégiale ou universitaire du Québec.
«On sait qu’il a été utilisé au Nouveau-Brunswick et qu’il y a eu de gros enjeux dans la traduction française», a indiqué M. Tremblay, qui pense que l'examen américain aurait créé d'autres barrières à l'accès à la profession.
Rappelons que les taux de réussite catastrophiques à l'examen d'accès à la profession infirmière ont beaucoup fait les manchettes l'année dernière. Dans ce contexte, le gouvernement avait demandé au Commissaire à l'admission aux professions d’analyser la situation. Le commissaire a produit des rapports assez critiques à l’égard de l'examen de l'OIIQ. En réponse à cela, l’Ordre avait proposé l’examen américain.
Le commissaire a toutefois décrié l'examen américain, suggérant qu'il était impératif de faire une analyse de ce dernier avec les établissements scolaires.
Le prochain examen de l'OIIQ aura lieu le 26 mars, et M. Tremblay est confiant que plusieurs aspects auront été améliorés.
Il a indiqué qu'il s'agira du premier examen qui aura l'occasion de prendre en compte l'ensemble des recommandations du commissaire. Les précédents examens se sont adaptés au type de correction, a précisé M. Tremblay — le commissaire avait mis en lumière qu’il y avait «un problème qui avait été causé par la façon dont l'examen avait été corrigé». Le tir a été rectifié l’automne dernier.
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Katrine Desautels, La Presse Canadienne