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Le port du keffieh est toujours interdit à Queen's Park, maintient le président

durée 17h21
18 avril 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

TORONTO — Le président de l'Assemblée législative de l'Ontario maintient une décision qui interdit aux personnes présentes à Queen's Park de porter le keffieh, qui, selon lui, véhicule un message politique, même si le premier ministre et tous les partis d'opposition lui ont demandé de reculer.

Il existe une vieille règle à la législature ontarienne qui stipule que les députés ne peuvent pas utiliser d'accessoires, de signes ou de vêtements destinés à exprimer un message politique. Or, le président de la Chambre, Ted Arnott, a déclaré qu'après «des recherches approfondies», il avait conclu que le keffieh répondait à cette définition.

Admettant le caractère «extrêmement sensible politiquement» de cette affaire, M. Arnott soutient que sur le strict plan de la procédure, il croit avoir pris la bonne décision en tenant compte des décisions de ses prédécesseurs et des traditions à Queen's Park. 

Le keffieh, cette écharpe à carreaux noir et blanc généralement portée dans les cultures arabes, symbolise de nos jours la solidarité avec les Palestiniens.

Les députés provinciaux demandent souvent une permission spéciale en Chambre pour porter un article susceptible d'enfreindre les règles, comme des rubans pour une journée de sensibilisation à une cause particulière, et ils le font en obtenant le consentement unanime de l'Assemblée législative.

La cheffe néo-démocrate, Marit Stiles, a demandé jeudi matin le consentement unanime de la Chambre pour s'écarter des règles et affirmer que le keffieh constituait un vêtement culturellement important dans les communautés palestinienne, musulmane et arabe, et qu'il devrait être autorisé à Queen's Park. Mais le président Arnott a déclaré qu'il avait entendu quelques députés dire «non» à cette motion. 

Le «non» le plus audible est venu de la députée progressiste-conservatrice Robin Martin. «Je pense que (le président) a pris la bonne décision, de la même manière que nous ne pouvons pas utiliser d'autres types de vêtements politiques», a expliqué Mme Martin après la période des questions.

«Nous ne pouvons pas porter de T-shirts sur lesquels est écrit 'Libérez les otages', ni nous envelopper dans un drapeau ou quoi que ce soit: nous devons suivre les règles de la législature (...) et utiliser nos paroles pour persuader, pas nos vêtements».

La position de Mme Martin contraste avec celle de son chef, qui demandait au président de revenir sur sa décision. «Il s'agit en réalité d'unir les Ontariens et les communautés», a déclaré jeudi matin le premier ministre Doug Ford lors d'une conférence de presse. «Nous constatons actuellement une division. Ce n'est pas sain et ça ne fera que diviser encore plus la communauté.»

Mme Stiles, déçue que sa motion n'ait pas été adoptée, a pressé le gouvernement d'agir. «Je pense que le premier ministre doit maintenant s'assurer que son caucus fait ce qu'il faut», a-t-elle déclaré.

Le problème avait attiré l'attention de Mme Stiles la semaine dernière lorsqu'un membre de son personnel politique, qui porte un keffieh tous les jours, a dû le retirer avant d'entrer dans l'édifice, à la demande du Service de protection de l'Assemblée législative. 

«Le keffieh est porté par les musulmans, les Arabes, les Palestiniens, c'est un vêtement culturel, comme tant d'autres, a déclaré Mme Stiles. Et nous vivons dans une province diversifiée et les gens, je pense, ont le droit de porter leur héritage culturel, leurs vêtements culturels et de montrer leur fierté à l'égard de leur héritage.»

Du côté libéral, le leader parlementaire, John Fraser, a estimé que M. Ford devait faire preuve de leadership dans ce dossier. «Le premier ministre doit dire à son leader parlementaire: 'Je présente une motion', et lorsqu'il présentera sa motion, nous serons tous là pour l'appuyer», a déclaré M. Fraser.

«Nous ne pouvons pas continuer à débattre de cela, nous avons d'autres choses plus importantes à aborder.»

Allison Jones et Liam Casey, La Presse Canadienne

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