Le «Défi J'arrête, j'y gagne» toujours pertinent avec la multiplication des produits
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — La dépendance à la nicotine prend plusieurs formes alors qu'on retrouve cet agent addictif non seulement dans la cigarette, mais aussi dans le vapotage. À cela s'ajoute un joueur relativement nouveau: les sachets de nicotine.
Les sachets de nicotine prennent la forme d'une petite poche de thé qu'on place entre la gencive et la lèvre. C'est un produit différent du tabac à chiquer pour lequel il faut cracher constamment.
Les sachets de nicotine ont la cote notamment auprès de sportifs et des professionnels qui désirent rester réveillés longtemps. «On voit un phénomène très important pointer à l'horizon», avertit Alexandre Chagnon, pharmacien et porte-parole officiel pour le «Défi J’arrête, j’y gagne».
Selon M. Chagnon, l'industrie du tabac a développé une nouvelle façon plus tendance «de trouver des disciples à la dépendance à la nicotine». Il souligne que des médicaments et des outils sont aussi disponibles pour les personnes dépendantes aux sachets de nicotine.
Même si ce produit gagne en popularité, la grande partie de la population aux prises avec des ennuis de dépendance à la nicotine la consomme sous forme de cigarette ou de vapotage.
Selon les plus récentes données de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ), la proportion des Québécois qui fument la cigarette tend à diminuer. On évalue qu'environ 11 % de la population fume toujours la cigarette.
La majorité d'entre eux aimerait cesser de fumer, principalement pour prévenir des effets sur la santé, être plus en forme et économiser de l'argent.
Effets positifs après seulement deux semaines
Depuis 25 ans, plus de 532 000 personnes ont réussi à cesser de fumer la cigarette grâce au «Défi J'Arrête, j'y gagne», qui demande aux participants de ne pas fumer pendant six semaines, ce que 75 % d'entre eux réussissent à faire.
«Il y a des études qui prouvent que d'arrêter pendant six semaines, ça augmente les chances d'arrêter pour de bon de six fois», explique M. Chagnon.
Pour ceux qui seraient découragés à force de rechuter, le pharmacien souligne que des participants ont réussi à arrêter la cigarette pour de bon après six ou sept tentatives. «On doit comprendre que d'arrêter pendant six semaines, même si malheureusement on rechute par la suite, c'est déjà un gain incroyable pour la santé», dit-il.
«Au bout de deux semaines de l'arrêt complet de la cigarette ou du vapotage, on a déjà un gain au niveau de la forme du cardio, au niveau cardiaque et pulmonaire. Deux semaines après [avoir arrêté de fumer], c'est plus facile de faire de l'entraînement physique et d'avoir un effort soutenu.»
Au Québec, le vapotage gagne en popularité, surtout auprès des jeunes. Environ 22 % des personnes de 18 à 24 ans vapotaient en 2023, selon les données de l'ISQ.
M. Chagnon précise que la très grande majorité des gens qui vapotent au Québec consomment de la nicotine. Il explique que l'agent addictif est donc le même: la nicotine. Il estime que les gens qui vapotent sont actuellement un peu «des cobayes».
«Ce que je veux dire par là c'est qu'on n'a pas le même recul qu'avec la cigarette. On pense que c'est moins pire que fumer, parce qu'il y a beaucoup de produits nocifs dans la cigarette qui sont absents dans le vapotage, mais on n'est pas 100 % certain à quel point c'est correct.» Les effets à long terme devraient être connus dans 5 à 10 ans.
Un vapoteur sur deux dit vouloir arrêter. Le «Défi J'arrête, j'y gagne» s'est adressé à cette population pour la première fois l'an dernier en acceptant leur inscription. Au total, plus de 3000 personnes qui vapotent ont participé.
Prise de conscience
M. Chagnon reconnaît que les fumeurs savent très bien que cela n'est pas bon pour leur santé. «Le ''Défi J'arrête, j'y gagne'', ce n'est pas uniquement une prise de conscience parce qu'effectivement, je pense que le message est bien passé en ce moment. La cigarette comme le vapotage, on le sait que ce n'est pas bon. Le défi, ce n'est pas seulement ça, c'est de fournir les outils pour les gens qui sont prêts à arrêter», explique-t-il.
Du support, une communauté en ligne de gens qui ont réussi à arrêter, une ligne d'appel et de textos ainsi que des médicaments sont à la disposition des participants du défi pour maximiser leur réussite.
Par ailleurs, les pharmaciens du Québec jouent aussi un rôle parfois méconnu dans la lutte à la nicotine. Depuis environ cinq ans, les pharmaciens peuvent prescrire tous les médicaments en cessation tabagique. «Avant on pouvait prescrire des patchs, des gommes, des pastilles. Maintenant, on peut aussi prescrire des médicaments qui sont pris par la bouche et qui sont plus efficaces que les patchs», indique M. Chagnon.
Tout au long de l'année, une personne qui souhaite arrêter de fumer peut consulter un pharmacien qui sera en mesure de déterminer quel est le meilleur médicament pour l'aider dans sa démarche.
La consultation est gratuite et les médicaments de cessation tabagique sont couverts par la Régie de l'assurance maladie du Québec.
L'édition de cette année du «Défi J'arrête, j'y gagne» se déroule du 3 février au 16 mars. Les personnes qui réussissent à ne pas fumer pendant six semaines courent la chance de remporter un grand prix de 5000 $. Les personnes intéressées peuvent s'inscrire sur le site defitabac.ca.
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Katrine Desautels, La Presse Canadienne