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La sécheresse et la chaleur menacent l'avenir des sapins baumiers, populaires à Noël

durée 14h17
8 décembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

FREDERICTON — Anthony Taylor, professeur de foresterie à l'Université du Nouveau-Brunswick, se dirigeait vers une autoroute au printemps 2018 lorsque sa femme lui a fait remarquer des bouquets d'arbres de couleur rouge. Il a aussitôt reconnu qu'il s'agissait de sapins baumiers morts.

C'est ainsi qu'a commencé un projet de recherche visant à examiner ce qui tuait les arbres privilégiés par de nombreux Canadiens pour décorer leur maison à Noël.

Six ans plus tard, dans un article récemment publié dans la revue «Frontiers in Forests and Global Change», M. Taylor et ses coauteurs ont identifié la cause du dépérissement dans l'ouest du Nouveau-Brunswick et l'est du Maine comme étant la sécheresse et les températures élevées provoquées par le changement climatique.

«L'identification des anomalies climatiques à grande échelle, telles que la sécheresse, associées à la mortalité soudaine du sapin baumier en 2018, pourrait s'avérer utile pour déterminer la probabilité d'une mortalité future en réponse au changement climatique», indique l'étude.

M. Taylor s'est dit choqué par une mortalité «aussi importante» des sapins baumiers, qualifiant la situation d’«anormale».

Le sapin baumier représente environ 20 % de tous les arbres du Nouveau-Brunswick. Avec ses aiguilles parfumées et sa forme triangulaire, il est associé à Noël. Plus de 95 % des arbres de Noël cultivés dans la province sont des sapins baumiers. Environ 200 000 d'entre eux sont exportés, principalement vers les États-Unis.

Après son observation sur l'autoroute, M. Taylor ainsi que James Broom, de l'Université du Nouveau-Brunswick, et Loïc D'Orangeville, de l'Université Laval, ont commencé à analyser les différentes causes qui auraient pu tuer les arbres, y compris les parasites et les données climatiques.

Le Nouveau-Brunswick a connu une sécheresse en 2017, avec des journées chaudes et sèches en été et un automne chaud, et leur analyse a démontré que le sapin baumier est particulièrement sensible à la sécheresse et aux températures élevées.

«Cette saison sèche et chaude a considérablement stressé ces arbres et a conduit à leur disparition l'année suivante, en 2018», a déclaré M. Taylor.

L'équipe a également examiné les données historiques et a trouvé un événement météorologique similaire en 1986, alors que les sapins baumiers étaient morts à cause de la sécheresse et de la chaleur l'année précédente. «Cela a réaffirmé notre hypothèse que le climat était effectivement à l'origine de la mortalité que nous avons observée.»

Fred Somerville, président de l'Association canadienne des arbres de Noël, souligne que le sapin baumier est l'un des arbres les plus populaires pour Noël, les autres étant le pin sylvestre, le pin blanc et le sapin de Fraser. Le sapin baumier aime les hivers froids et les étés chauds et humides.

M. Somerville, qui possède une ferme à Alliston, en Ontario, à environ 90 kilomètres au nord de Toronto, a déclaré que le changement climatique rendait le temps imprévisible.

«Pour l'instant, ce n'est pas tant la chaleur que le manque de précipitations qui nous affecte. Au cours de la dernière décennie, nous avons eu plusieurs années plus sèches que ce que nous aimerions voir, mais les deux dernières années n'ont pas été trop mauvaises», a-t-il soutenu.

Le manque de pluie tue les jeunes arbres ou même les jeunes pousses nouvellement plantées, explique M. Somerville. La croissance des arbres plus âgés est freinée lorsqu'ils ne reçoivent pas assez de pluie et ils n'ont pas ce vert éclatant que l'on recherche à Noël, a-t-il ajouté.

De nouveaux parasites apparaissent

Matt Wright, un producteur d'arbres de Noël de la Nouvelle-Écosse, a souligné que le changement climatique et la chaleur affectent la plupart des conifères, y compris le sapin baumier, et que de nouveaux parasites apparaissent et s'attaquent aux arbres.

«Le changement climatique a entraîné une modification de la dynamique des populations de certains insectes, en particulier ceux qui passent l'hiver dans le sol, parce que nous n'avons pas de gels profonds ou de températures froides qui régulent le moment où ils peuvent émerger ou même survivre.»

Selon M. Taylor, la chaleur et la sécheresse ont affaibli les sapins baumiers, les rendant plus vulnérables aux parasites et aux maladies. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre comment le changement climatique affectera les arbres de Noël, a-t-il indiqué.

Parmi les moyens d'atténuer les effets du changement climatique, il y a la plantation d'espèces différentes pour améliorer la résilience des forêts et la surveillance des conditions météorologiques.

L'année dernière a été l'une des plus chaudes jamais enregistrées. Bien que le dépérissement des sapins baumiers comme en 2018 soit rare, il est probable qu'il devienne plus courant avec le réchauffement climatique, croit M. Taylor.

«Les arbres de Noël en sapin baumier que nous aimons tous, nous en aurons beaucoup moins d'ici 25 à 50 ans, à moins que nous ne fassions quelque chose contre le changement climatique. Si nous continuons sur la voie actuelle, il ne restera que très peu de sapins baumiers d'ici la fin du siècle.»

Hina Alam, La Presse Canadienne

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