La baisse de l'immigration ralentirait la croissance économique, sans récession
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Par La Presse Canadienne, 2024
TORONTO — Un nouveau rapport suggère que la réduction rapide des objectifs d’immigration du gouvernement fédéral ralentira considérablement la croissance économique, mais pas suffisamment pour déclencher une récession.
Une réduction brutale de la population réduira simultanément l’offre et la demande économiques, ce qui entraînera des répercussions économiques différentes d’un ralentissement typique, selon un rapport du Conference Board du Canada publié vendredi.
Le rapport estime que la décision politique réduira le PIB réel de 7,9 milliards $ en 2025 et de 16,2 milliards $ en 2026. Dans l’ensemble, elle pourrait réduire de 0,3 point de pourcentage la croissance du PIB réel au cours de ces deux années.
«Permettre à la population du Canada d’augmenter si rapidement en 2023 et 2024 a été une erreur, mais tenter de rectifier ce problème avec la même hâte est également une erreur», indique le rapport.
En octobre, les libéraux fédéraux ont annoncé un plan visant à réduire le nombre de résidents non permanents de plus de 900 000 en deux ans après qu’un afflux important de nouveaux arrivants a mis à rude épreuve les infrastructures canadiennes, les services publics et le marché du logement.
Le «changement de cap hâtif» du gouvernement pourrait atténuer les pressions sur les prix du marché immobilier et stimuler la productivité, mais il pourrait aussi entraîner une nouvelle série de défis, notamment une pression potentielle sur les employeurs, une aggravation des pénuries de main-d'œuvre et un impact sur les performances économiques à court terme, selon le rapport.
Par exemple, l'emploi diminuera, mais le chômage aussi, indique le rapport.
Cela signifie que l'offre de main-d'œuvre se resserrera, réduisant le taux de chômage de 0,5 point de pourcentage en 2025 et de 0,6 point de pourcentage en 2026.
Le taux de chômage a progressivement augmenté pour atteindre 6,8 % en novembre, selon la dernière enquête sur la population active de Statistique Canada. Il s'agit du niveau le plus élevé depuis janvier 2017, en dehors de la pandémie de COVID-19.
L'impact des changements en matière d'immigration sera également inflationniste, d'abord sur les salaires, puis sur les prix à la consommation.
Avec une perte de population et de revenus du travail, il y aura moins de consommateurs pour acheter ou consommer des biens, ce qui entraînerait une baisse du PIB. Les dépenses de consommation réelles devraient diminuer de 6,9 milliards $ en 2025 et de 10,8 milliards $ en 2026, selon le rapport.
Toutefois, les dépenses par habitant seront supérieures de 1 % aux prévisions de base, selon le Conference Board du Canada.
«Cela s’explique par le fait que les pertes d’emplois se produiront principalement dans des emplois moins bien rémunérés que la moyenne et que les gains salariaux dépasseront l’inflation», indique le rapport.
Le Conference Board du Canada a suggéré qu’une réduction graduelle du nombre de résidents non permanents, atteignant l’objectif de 5 % en 2029 — au lieu de 2027 — permettrait de mieux équilibrer la dynamique du marché du travail et de réduire les risques économiques.
«Le Canada a toujours besoin de migrants, indique le rapport. À long terme, un rythme d’immigration durable améliorera la capacité de production, le PIB et les recettes fiscales du pays, compensant suffisamment les coûts du secteur public et améliorant modestement les finances publiques.»
La Presse Canadienne