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Il faudrait augmenter la TVQ pour atteindre l’équilibre budgétaire

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13 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Québec pourra difficilement atteindre l’équilibre budgétaire dans les délais prescrits, sans freiner les dépenses et augmenter les taxes, selon l'Institut du Québec (IDQ).

Si le gouvernement Legault suit la même trajectoire, les lois budgétaires, qu’il a lui-même remises à jour, ne pourront pas être respectées, selon une analyste de l’organisme de réflexion. L’analyse ne tient pas compte de la guerre commerciale avec les États-Unis, qui pourrait assombrir encore plus le portrait des finances publiques.

«Malgré un ralentissement tout de même important des dépenses qui a été présenté dans la mise à jour de novembre 2024, on rate finalement les deux obligations légales du gouvernement. C'est-à-dire revenir à l'équilibre budgétaire d'ici 2029-2030 et réduire le ratio de dette par rapport au PIB à 35,5 % d'ici 2032», constate la présidente-directrice générale de l'Institut du Québec (IDQ), Emna Braham, en entrevue.

Québec doit combler un déficit de près de 11 milliards $, selon la dernière mise à jour économique du ministère des Finances. Environ 3,2 milliards $ serait un déficit structurel, ce qui veut dire qu’il n’est pas lié au ralentissement de l’économie.

Le ministre des Finances, Eric Girard, doit déposer son budget le 25 mars prochain. Le grand argentier du Québec a déjà prévenu que la guerre commerciale pourrait faire en sorte que le déficit soit plus grand qu’anticipé.

En même temps que le budget, le ministre devrait aussi présenter son plan pour revenir à l’équilibre budgétaire d’ici cinq ans. Il reste à voir quel sera l’effet de l’incertitude économique sur cet objectif.

Sans tenir compte de la guerre commerciale, Québec n’atteindrait déjà pas ses objectifs sans mesures supplémentaires, selon l’analyse de l’IDQ. «Sans coup de barre», le gouvernement serait toujours déficitaire jusqu’en 2037-2038 avant le versement au Fonds des générations. En tenant compte des versements au Fonds des générations, le déficit ne serait pas résorbé en 2045.

Cette situation s’explique par «le point de départ» des finances publiques et du vieillissement de la population, qui exerce une pression sur les dépenses de santé.

Des sacrifices

Retourner à l’équilibre budgétaire sera une opération ardue. L’IDQ a tenté de faire un scénario qui permettrait d’atteindre les cibles des lois budgétaires tout en respectant les grandes orientations du gouvernement Legault.

Pour y parvenir, le rythme de croissance des dépenses en santé et en éducation devra être maintenu à 2,4 % et 1,8 %, respectivement, jusqu’en 2026-2027, comme le prévoit le gouvernement. L’augmentation des autres dépenses devrait toutefois être limitée à un rythme de 0,5 %, soit bien en dessous de l’inflation.

Malgré ce ralentissement «drastique», l’équilibre budgétaire ne serait pas atteint et Québec n’aurait pas le choix de trouver une façon d’augmenter ses revenus. Comme le gouvernement Legault, qui a baissé le taux d’imposition des particuliers, s’est engagé à ne pas augmenter les impôts, l’IDQ n’envisage pas une telle hausse.

«Si on n’augmente pas l’impôt des particuliers, si on n’augmente pas l’impôt des entreprises, il reste les taxes à la consommation», résume Mme Braham.

Pour combler le manque à gagner, il faudrait ajouter 0,5 point de pourcentage à la taxe de vente, ce qui permettrait d’aller chercher 1,6 milliard $ de revenus supplémentaires en 2029-2030.

Quelles seraient les conséquences de ne pas respecter les lois budgétaires? Le service de la dette, soit la part du budget consacrée au paiement des intérêts sur la dette, serait tout de même inférieur, malgré les déficits récurrents. Celui-ci passerait de 6,5 % en 2024-2025 à 5,1 % dans 20 ans.

Mme Braham souligne que les précédents objectifs gouvernementaux en matière de réduction de la dette ont permis «d'améliorer grandement la situation financière du Québec». «Ça a permis de dégager de la marge de manœuvre pour faire face à des crises plus importantes.»

«Même si la situation n'est pas catastrophique aujourd'hui, on est beaucoup plus vulnérables aux crises parce qu'on n'a plus la marge de manœuvre nécessaire pour y faire face», ajoute-t-elle.

Stéphane Rolland, La Presse Canadienne

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