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Freeland se dit particulièrement qualifiée pour tenir tête à Trump et à la Russie

durée 15h31
2 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Lorsque l’ancienne vice-première ministre Chrystia Freeland participe à ses rassemblements de campagne pour devenir la prochaine chef du Parti libéral, les haut-parleurs font toujours jouer «Maneater», de Nelly Furtando, sortie en 2006.

C’est un clin d’œil au thème central de son discours au pays: elle n’hésitera pas à affronter des hommes puissants.

À une semaine de la fin de la course, ce message est au centre de son discours lorsqu’elle affirme que son expérience politique la rend particulièrement qualifiée pour les défis auxquels le Canada est confronté aujourd’hui.

Ces défis se sont accrus depuis qu’elle a lancé sa campagne à la mi-janvier, et elle dit maintenant que la bataille à venir est la «plus grande menace depuis la Seconde Guerre mondiale».

Alors que les sondages et les collectes de fonds favorisent l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, Mme Freeland voit toujours une voie possible vers la victoire dans une course qui, tout comme la politique mondiale dans son ensemble, a été dominée par les décisions perturbatrices du président américain Donald Trump.

«Je connais le président Trump. Je me suis battu pour le Canada lors de la première administration Trump et j’ai obtenu un bon accord pour le Canada», a déclaré Mme Freeland dans une entrevue avec La Presse Canadienne depuis Edmonton, où elle tenait un rassemblement samedi soir.

«J’ai été ministre du Commerce, des Affaires étrangères et des Finances. Je comprends la gravité du défi auquel nous sommes confrontés aujourd’hui.»

Mme Freeland était ministre des Affaires étrangères pendant les trois premières années du premier mandat de M. Trump à la Maison-Blanche et a dirigé l’équipe canadienne qui a négocié l’Accord Canada-États-Unis-Mexique.

Cette fois, M. Trump a doublé la mise, menaçant d’imposer des tarifs douaniers sur toutes les importations canadiennes et insistant pour dire que le Canada se porterait mieux s’il se laissait annexer par les États-Unis.

Le président américain semble également prêt à rompre les alliances historiques de son pays, multipliant les gestes amicaux envers la Russie, alors que ce pays – ainsi que la Chine – renforce sa position dans l’Arctique.

M. Trump n’hésite pas à partager son aversion pour Mme Freeland. Lors des premières négociations commerciales en 2018, il s’est plaint de son style de négociation et a déclaré: «Nous n’aimons pas beaucoup leur représentante.»

En décembre, après la démission de Mme Freeland du cabinet, il a dit d'elle qu'elle était toxique. La semaine dernière, dans une entrevue pour le magazine britannique The Spectator, il a dit d'elle qu'elle était «timbrée».

«Elle est absolument terrible pour le pays. Elle est incompétente à bien des égards et ne peut que susciter le mécontentement du Canada, a ajouté M. Trump lors de l’entrevue. [Le premier ministre Justin] Trudeau l’a compris. Et il l’a en fait renvoyée à cause d’une réunion qu’il a eue avec moi.»

Mme Freeland porte ces insultes comme un insigne d’honneur.

«Trump a dit que j'étais [timbrée] pour la même raison qu'il s’est plaint de mes talents de négociatrice. C'est aussi pour cette raison que Poutine m'a renvoyée de la Russie. Je ne recule pas. Trump et Poutine le savent.»

L'ex vice-première ministre a démissionné du cabinet le 16 décembre, ce qui a choqué même le premier ministre Trudeau lorsqu'elle s'est retiré quelques heures seulement avant de présenter l'énoncé économique du gouvernement pour l'automne.

Survenue trois jours après que M. Trudeau lui ait dit qu'il allait la remplacer au poste de ministre des Finances par M. Carney, qui n'est pas un député élu, cette décision a plongé les libéraux dans une crise.

C'est ce départ qui a mis en branle l'annonce de la démission de du premier ministre Trudeau début janvier et qui a revigoré le profil de Mme Freeland au sein du parti. Jusqu'alors, elle était largement considérée comme une loyaliste de M. Trudeau.

Éloignement des politiques de Trudeau

Elle tente maintenant désespérément de se distancer des politiques pour lesquelles elle a autrefois fait la promotion auprès des Canadiens, assurant qu'elles étaient dans leurs intérêts supérieurs.

Dans sa lettre de démission, par exemple, elle a insisté sur le fait qu'elle n'avait pas soutenu le congé de TPS ou les chèques de 250 $ promis à l'automne.

Le paysage politique a considérablement changé depuis le début de la course à la chefferie. L'avance conservatrice dans les sondages s'est évaporée et le parti de Pierre Poilievre est désormais au coude à coude avec les libéraux.

La plupart des sondeurs et des experts attribuent ce changement à la fois au départ du premier ministre Trudeau — visé par la colère des Canadiens face à l'augmentation de la vie et à la pénurie de logements — ainsi qu'à une fierté nationale croissante face aux menaces du président Trump.

Pour tous les candidats libéraux, se distinguer de l'administration Trudeau est essentiel, mais, pour Mme Freeland, c'est peut-être le défi le plus difficile.

Elle n'a pas voulu révéler si elle avait parlé au premier ministre depuis sa démission, mais a déclaré qu'elle se sentait libre d'être elle-même depuis qu'elle avait quitté le cercle intime de M. Trudeau.

«Cette campagne à la direction a été vraiment amusante. Elle a été une libération personnelle pour moi. Elle me permet d'être complètement ma propre personne, de m'exprimer et de définir les politiques que je poursuivrais en tant que chef», s'est-elle réjouie.

Une grande partie de ses politiques se concentrent sur des questions telles que le renforcement des relations avec l'Europe et l'accélération du calendrier pour que le Canada atteigne son engagement de dépenses de défense de l'OTAN de 2 % du PIB d'ici 2027, soit cinq ans plus tôt que prévu actuellement.

Pour la défense du Canada, Mme Freeland a déclaré qu'elle se concentrait sur l'augmentation des ressources militaires canadiennes dans l'Arctique, ainsi que sur l'utilisation de drones et de l'intelligence artificielle.

«Nous voyons l'importance de ces technologies dans la guerre en Ukraine. Le Canada est bon dans ce domaine, et nous devons soutenir nos propres industries et notre propre défense en y investissant», a-t-elle déclaré.

David Baxter, La Presse Canadienne

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