François Legault et le chef Cody Diabo signent une déclaration de respect mutuel
Temps de lecture :
3 minutes
Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Québec et le conseil de bande de Kahnawake ont signé, vendredi, ce que l’on qualifie de «déclaration commune de compréhension et de respect mutuel».
Assis côte à côte dans un hôtel de Montréal, le premier ministre François Legault et le grand chef du conseil mohawk, Cody Diabo, n’ont pas caché leur satisfaction d’apposer leurs signatures sur le document qui, bien que symbolique, apparaît comme un baume sur une relation souvent tendue entre Québec et les Mohawks de Kahnawake.
«C'est une déclaration, pour moi, qui est importante, qui est comme un nouveau début, si l'on veut, de bonnes relations, d'une relation privilégiée entre le gouvernement du Québec et les Mohawks de Kahnawake. Ça montre qu'on a un lien de confiance», a déclaré le premier ministre, tout sourire.
«Je suis convaincu que la déclaration qu'on signe aujourd'hui va avoir des retombées positives et pour le Québec et pour les Mohawks de Kahnawake», a-t-il poursuivi.
Éviter le langage litigieux
Le grand chef Diabo, de son côté, était fort heureux du texte de l’entente qui, contrairement à de nombreuses autres ententes dans le passé, est à la hauteur du respect attendu par sa communauté. «Le conseil mohawk de Kahnawake a longtemps réclamé une entente simplifiée, claire et mutuellement respectueuse, qui évite le langage et les références qui ont historiquement causé des disputes, sachant que par moments, nos efforts ont été entravés par des processus et du langage qui ne reconnaissaient pas complètement nos perspectives distinctes et qui ne reflétaient pas l'équilibre et l'égalité que nous recherchons.»
Le chef Diabo a rappelé que la relation s’était heurtée à de nombreux écueils au fil du temps. «Je ne mentirai pas: ça n'a pas été facile dans le passé de tenter d'avoir ces rencontres, tenter de trouver des solutions pour aller de l'avant. J'espère que (cette entente) est plus qu'un simple geste symbolique et je crois sincèrement que c'est plus que ça, qu'il y a un engagement réel parce que nous sommes au point maintenant où nous avons vu où l'absence de communication nous mène. Nous ne voulons plus, pas plus que Québec, être à ce point.»
Multiplier les ententes
Présent à la table, le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, a rappelé que son gouvernement a signé le même genre d’entente avec les Inuit il y a un an. «Ce qu'on veut, ce sont des ententes avec toutes les communautés, toutes les nations.»
Il a toutefois averti que ces ententes ne sont pas une panacée. «Ce n'est pas parce qu'on signe cette entente aujourd'hui qu'on va s'entendre sur tous les points ou qu'on va toujours avoir le même point de vue. On se respecte mutuellement, parfois avec un point de vue différent. On peut avoir des divergences, on peut avoir des opinions différentes, ça ne nous empêche pas de travailler ensemble.»
Dossiers à régler
Il y a de nombreux dossiers en suspens entre le gouvernement du Québec et les Mohawks de Kahnawake, ont fait valoir les intervenants. Par exemple, Québec n’a toujours pas fini de compenser la communauté autochtone pour les quelque 813 acres de terrain qui lui ont été confisqués pour la construction de l’autoroute 30. Il reste toujours plus de 200 acres à trouver, une situation qui n'est pas sans difficultés dans un milieu développé. Les dossiers de la route 132 et du pont Mercier, qui passent tous deux sur le territoire mohawk, de même que le développement de Northvolt, sur des terres qu’ils revendiquent, demeurent aussi des points litigieux.
Cela n’a toutefois pas empêché le premier ministre Legault d’exprimer son optimisme. «Je suis convaincu que ce qu'on signe aujourd'hui comme déclaration, ça va aider à trouver des solutions», a-t-il dit.
Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne