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Étude du CIRANO: plus d'aînés en forte perte d'autonomie se retrouvent dans les RPA

durée 07h00
27 mai 2024
The Canadian Press, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par The Canadian Press, 2024

MONTRÉAL — Les résidences privées pour aînés (RPA) se retrouvent de plus en plus avec des personnes âgées en grande perte d'autonomie, alors que ces milieux ne sont souvent pas adaptés pour répondre à leurs besoins, soulève une étude publiée lundi par le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO).

On avance notamment que la bonification des services à domicile retarde l’arrivée des personnes âgées en RPA au moment où leur autonomie est en déclin. La moyenne d'âge des nouveaux locataires serait plus élevée qu'il y a quelques années, selon des gestionnaires d'établissements.

Ces derniers ont le sentiment d’être laissés à eux-mêmes face aux besoins des aînés qui dépassent leur offre de services. Ils disent adapter leurs services dans un souci de bienveillance, ce qui occasionne des pertes financières et une surcharge de travail.

«La perte d’autonomie des personnes aînées s’accompagne non seulement d’un besoin accru en services, mais aussi de comportements plus agressifs de la part de certaines personnes résidentes ainsi que de troubles cognitifs», ont indiqué des gestionnaires de résidences privées. Tout comme le personnel, ils constatent que les besoins des aînés sont de plus en plus grands.

Les soins et services à domicile, par exemple faire le changement de bas de contention ou soigner les plaies, doivent être offerts par les CLSC dans les RPA. Or, ils sont souvent déficients, indique l'étude, ce qui a des répercussions sur l’ensemble des résidents. «Les RPA doivent dispenser des soins et services pour lesquels il n’y a pas nécessairement de personnel attitré. Certaines RPA absorbent les coûts financiers découlant de ces services», peut-on lire dans le document qui fait plus de 200 pages.

Une RPA peut procéder ou demander que l’on procède au repérage de la perte d’autonomie d’une personne résidente, selon le Règlement sur la certification d'une RPA. L'évaluation doit être effectuée à l’aide du Programme de recherche sur l’intégration des services pour le maintien de l’autonomie, mais cet outil n'est pas toujours utilisé par certaines résidences qui préfèrent se doter d'un outil maison. De plus, l'étude conclut que cet outil ainsi que le Système de mesure de l’autonomie fonctionnelle ne sont pas adéquats pour déterminer les besoins des résidents.

Mélanie Bourassa Forcier est la chercheuse qui a mené l'étude intitulée «Les résidences privées pour aînés (RPA) au Québec : enjeux et opportunités». Sa méthodologie comprend une revue de littérature et le regroupement de données statistiques, une portion entrevues avec des gestionnaires et employés des RPA ainsi que des sondages adressés aux résidents.

Mme Bourassa Forcier et son équipe ont aussi dressé plusieurs recommandations pour remédier aux problèmes soulevés dans la recherche. Sur l'aspect du repérage de la perte d'autonomie, ils ont indiqué qu'il serait pertinent qu'un outil d'évaluation soit développé par une équipe clinique d'une RPA et de rendre disponible une formation sur l'utilisation des outils actuellement disponibles.

Lorsqu'on évalue que la RPA ne répond plus aux besoins de santé d'un aîné, les délais de transfert vers l'établissement approprié sont trop longs, soulève l'étude. Il y a aussi des lacunes de communication entre les RPA et les CISSS/CIUSSS, ce qui accentue cet enjeu.

Comme solution, on suggère de «compenser financièrement une RPA qui adapte son offre de service aux besoins d’un résident, car les délais de transfert sont trop longs».

Le paysage des RPA change

Les RPA constituent la plus importante offre de places en milieux de vie pour les personnes aînées au Québec, mais leur nombre est en baisse depuis plusieurs années

«En date du 31 mars 2024, le nombre de RPA, ainsi que le nombre de places disponibles ont tous deux diminué, passant respectivement à 1393 RPA et 136 525 unités», indique l'étude.

De manière générale au cours des dernières années, les plus petites résidences privées ont tendance à fermer leurs portes alors que les gros établissements prennent plus de place dans le paysage. On évalue que le nombre total de RPA a baissé de 23 % au Québec entre 2015 et 2023. Durant cette période, le nombre de grandes RPA (100 unités ou plus) a augmenté de 24 %.

Entre 2019-2020 et 2022-2023, au moins 432 RPA ont mis la clé sous la porte. De ce nombre, près de 90 % étaient des résidences de 30 unités ou moins et au moins 11 étaient des RPA de type organisme sans but lucratif. Pour 2023 seulement, 77 résidences privées supplémentaires ont cessé leurs activités ou ont changé de vocation.

La grande majorité des RPA sont destinées à des personnes aînées avec une perte d’autonomie plus prononcée, ce qu'on appelle les catégories 3 et 4. Les RPA de catégories 1 et 2 sont celles destinées à des personnes aînées autonomes et elles représentaient 15 % des RPA en 2023.

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Katrine Desautels, La Presse Canadienne

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