En 2025, plus de députés répondront à la place des ministres, promet Jolin-Barrette
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Par La Presse Canadienne, 2024
QUÉBEC — Les élus de l'opposition ont été surpris cette semaine de voir les députées caquistes Catherine Blouin et Marilyne Picard se lever en Chambre pour répondre aux questions à la place de ministres.
Cette situation est inédite à Québec, mais elle est permise, a dû rappeler la présidente Nathalie Roy. «C'est la prérogative du gouvernement de décider qui répond. C'est son droit et c'est dans notre code», a-t-elle indiqué.
Et le gouvernement compte bien continuer d'exercer ce droit en 2025, selon le ministre de la Justice et leader parlementaire, Simon Jolin-Barrette, qui affirme vouloir revaloriser le rôle du député.
En entrevue avec La Presse Canadienne, il annonce son intention de donner plus de place aux adjoints parlementaires des ministres, qui travaillent habituellement dans l'ombre, très loin des projecteurs.
Le caucus de la Coalition avenir Québec (CAQ) compte 86 députés, dont 30 ministres et 25 adjoints parlementaires. La plupart des députés ambitionnent de devenir ministre, mais peu accèdent au Saint des saints.
Dans une récente étude, l'historien Alexandre Dumas soulignait que les femmes qui quittent volontairement la politique le font parce qu'elles se sentent inutiles, le syndrome de la «plante verte».
«On a une équipe très compétente, a déclaré M. Jolin-Barrette. Les adjoints parlementaires s'occupent des dossiers avec les ministres et on veut leur donner davantage de responsabilités, (...) comme ça se fait à Ottawa.»
«On n'a pas peur de faire preuve d'initiative au sein du gouvernement. Ce n'est pas une pratique qui existait; nous, on l'utilise pour faire en sorte que tout le monde joue un rôle à l'Assemblée nationale», a-t-il ajouté.
Cette initiative survient alors que la CAQ est «en perte de régime» et connaît «des enjeux au sein de son caucus en lien avec le rôle des adjoints», souligne le leader parlementaire de l'opposition officielle, Monsef Derraji.
«Même si les adjoints parlementaires ont le droit de répondre, il demeure que les citoyens méritent d'avoir des réponses des ministres responsables», a-t-il déclaré dans un message transmis à La Presse Canadienne.
«Selon nous, cela démontre que les ministres sont gênés de se lever sur les enjeux qui préoccupent davantage les Québécois», a-t-il renchéri.
Mardi dernier, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a invité pour la toute première fois son adjointe, la députée de Bonaventure, Catherine Blouin, au point de presse pour présenter son projet de loi sur les nouveaux médecins.
Mme Blouin s'est également levée en Chambre, vendredi, à la place de M. Dubé, pour répondre à une question du porte-parole libéral en santé, André Fortin, sur les délais d'attente dans les urgences.
Elle a vanté le travail de M. Dubé, qui travaille, selon elle, «sans relâche depuis des années» pour ramener du personnel dans le réseau public et livrer des «résultats».
Jeudi, c'était au tour de la députée caquiste de Soulanges, Marilyne Picard, de se lever à la place de la ministre responsable des Aînés, Sonia Bélanger, pour répondre à une question sur le soutien à domicile.
«La ministre a été très claire, (...) il n'y a aucune coupure», a insisté Mme Picard. Ni elle, ni Mme Blouin n'ont donné suite à la demande d'entrevue de La Presse Canadienne.
«Mme Picard et Mme Blouin, pour leurs premières présences au Salon rouge à répondre à une question, ont très bien livré la marchandise», a déclaré M. Jolin-Barrette.
«Il est temps de moderniser nos pratiques, changer les façons de faire, et c'est ce qu'on fait», a-t-il ajouté.
Le chef d'orchestre du gouvernement souhaiterait également que les adjoints pilotent les projets de loi en commission parlementaire, une proposition de réforme qui ne passe pas du côté des oppositions.
Selon lui, plus le travail des députés sera valorisé, plus il sera facile d'attirer de nouvelles personnes en politique.
Caroline Plante, La Presse Canadienne