Discussion constructive avec Lutnick, mais pas de changement immédiat, dit Champagne


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Par La Presse Canadienne, 2024
WASHINGTON — Des responsables canadiens ont déclaré que la rencontre de jeudi avec le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, avait été constructive et avait permis de calmer le jeu dans le contexte de la guerre commerciale déclenchée par le président américain Donald Trump le mois dernier. Ils ne s'attendaient toutefois à aucun changement immédiat concernant les droits de douane punitifs.
«C'était une discussion constructive», a assuré le ministre de l'Industrie, François-Philippe Champagne, à Washington. «Nous avons nos désaccords, mais tant que le dialogue est maintenu, on progresse.»
Les projets de Donald Trump visant à réorganiser massivement le commerce mondial ont semé le chaos sur les marchés des deux côtés de la frontière et ont entraîné des licenciements dans certaines industries essentielles du Canada, comme la production d'acier.
M. Champagne était accompagné du ministre des Finances, Dominic LeBlanc, de l'ambassadrice du Canada aux États-Unis, Kirsten Hillman, et du premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, pour cette rencontre qui clôt une autre semaine mouvementée dans les relations commerciales entre les deux pays.
Mardi, le président américain a menacé de doubler les droits de douane sur l'acier et l'aluminium au Canada en réponse à l'imposition par Doug Ford d'une surtaxe de 25 % sur les exportations d'électricité de la province vers trois États américains. Avant la fin de la journée, M. Ford a renoncé à cette surtaxe et M. Trump a renoncé à doubler les droits de douane sur l'acier et l'aluminium.
Mercredi, le président Trump a imposé des droits de douane supplémentaires de 25 % sur toutes les importations d'acier et d'aluminium aux États-Unis, y compris en provenance du Canada.
Le Canada a réagi en imposant des droits de douane de 25 % sur 29,8 milliards $ supplémentaires de marchandises américaines, entrés en vigueur peu après minuit jeudi. La semaine dernière, le Canada avait appliqué des droits de douane de 25 % sur 30 milliards $ de marchandises américaines en réponse à la première vague de droits de douane américains.
«Nous sommes comme une famille. Il y a parfois des tensions entre les familles», a déclaré le premier ministre Ford jeudi à Washington lors d'une conférence de presse distincte des ministres fédéraux. «Mais cette réunion a été extrêmement productive.»
Selon un communiqué de presse du département du Commerce des États-Unis, les responsables canadiens et américains ont discuté de l'objectif de l'administration Trump: «un commerce équitable avec le Canada et la province de l'Ontario, tout en œuvrant à la sécurisation de la frontière américaine et à l'élimination du fentanyl».
«Les deux pays ont reconnu la force et l'histoire de leur relation», a-t-il ajouté.
Jamieson Greer, récemment confirmé comme représentant américain au Commerce de Donald Trump, était également présent à la réunion.
MM. Champagne et LeBlanc n'ont pas précisé si les relations entre les deux pays allaient beaucoup changer après que Mark Carney eut remplacé Justin Trudeau au poste de premier ministre vendredi.
François-Philippe Champagne a déclaré s'attendre à une conversation entre MM. Carney et Trump dans les prochains jours.
Donald Trump et Justin Trudeau entretiennent une relation difficile et souvent tumultueuse. Le président américain a harcelé le premier ministre canadien pendant des mois au sujet de la nomination du Canada comme 51e État, l'appelant à plusieurs reprises «gouverneur Trudeau».
Les commentaires se sont poursuivis mercredi lors de la rencontre de M. Trump avec le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, à Washington.
«Pour être honnête, le Canada ne fonctionne qu'en tant qu'État», a déploré M. Trump. Il a qualifié la frontière internationale entre les deux pays de «ligne artificielle» et a affirmé qu'il n'y avait aucune chance qu'il relâche les droits de douane.
«Il y aura maintenant quelques perturbations… ce ne sera pas très long», a-t-il assuré. «Mais ils ont besoin de nous, et nous n'avons vraiment pas besoin d'eux… Nous devons le faire. Je suis désolé. Nous devons le faire.»
Cette question était au cœur des débats jeudi, alors que celui qui s'apprête à devenir le plus haut diplomate américain à Ottawa répondait aux questions lors de son audition de confirmation au Congrès.
Interrogé sur les menaces répétées d'annexion de Donald Trump lors de son audition de confirmation au Sénat, Pete Hoekstra a déclaré que «le Canada est un État souverain».
Si sa nomination est confirmée, l'ancien membre du Congrès du Michigan deviendra ambassadeur à un moment difficile pour les relations canado-américaines.
Le président Trump a lié certaines mesures tarifaires au flux de fentanyl mortel, mais des responsables canadiens ont déclaré que l'objectif du président était d'utiliser la force économique pour annexer le Canada.
Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne