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Des groupes demandent à Carney une politique financière alignée sur le climat

durée 12h30
13 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Une soixantaine d’organisations réclament au premier ministre désigné Mark Carney une politique financière alignée sur le climat.

«Vous avez été le porte-voix de l'action climatique dans le système financier, et nous avons besoin que vous soyez à nouveau la voix de la raison. Monsieur le Premier ministre, êtes-vous prêt à tenir tête à l'administration américaine et à réglementer notre sortie d'un système financier coûteux et non durable?», demandent les signataires à l'ancien gouverneur de banques centrales.

Ecojustice, l’Association canadienne des médecins pour l'environnement, Équiterre, Greenpeace et le Réseau action climat Canada font partie des 57 organisations qui ont écrit une lettre ouverte jeudi pour demander à Mark Carney de mettre la lutte aux changements climatiques au cœur des politiques économiques et des systèmes financiers du pays.

Ces groupes font valoir, en s’appuyant sur un rapport de l'Institut climatique du Canada, que les changements climatiques ont grugé 25 milliards $ au PIB national dans la dernière décennie.

Autrement dit, l’économie du pays serait inférieure de 25 milliards $ à ce qu’elle serait si le réchauffement de la planète s’était stabilisé en 2015.

«Les gens souffrent de la crise du coût de la vie. Les prix des denrées alimentaires montent en flèche. Les primes d'assurance habitation augmentent fortement. Les pertes financières dues aux phénomènes météorologiques extrêmes ont atteint des niveaux records», font-ils valoir en faisant référence notamment au Bureau d’assurance du Canada, qui estime qu’en 2024, les pertes liées à des phénomènes météorologiques extrêmes ont coûté 8,5 milliards $.

«La guerre économique du président Trump contre le Canada ne fera qu'empirer les choses si nous n'opérons pas un changement décisif et ne corrigeons pas le tir» et «les Canadiens comptent sur vous pour faire face à la situation actuelle avec le courage et le leadership tournés vers l'avenir qui font votre réputation», ont écrit les signataires.

Ex-envoyé spécial des Nations unies

Avant de se lancer en politique, le premier ministre désigné Mark Carney était l’envoyé spécial des Nations unies pour le financement de l’action climatique.

Son rôle consistait à convaincre les institutions financières du monde à aligner leurs investissements sur l’Accord de Paris et créer davantage de produits financiers qui rendent l’économie plus durable.

L’ancien gouverneur de la Banque du Canada avait donc lancé, en 2021, l’alliance bancaire Net Zéro.

Les banques qui se joignaient à cette alliance devaient s’engager à aligner leurs portefeuilles de prêts et d’investissements en vue d’atteindre l’objectif zéro émission de gaz à effet de serre nette d’ici 2050.

Les six plus grandes banques américaines et les cinq plus grandes canadiennes avaient signé cette alliance non contraignante, mais, après l’élection de Donald Trump, toutes ces institutions bancaires ont quitté l’alliance.

Les banques canadiennes «n'ont jamais amélioré de manière significative leurs résultats, en tant que certaines des pires institutions financières des énergies fossiles avant leur départ massif de l'engagement en janvier dernier», ont écrit les signataires en soulignant que Mark Carney a assisté aux premières loges de cet échec.

L'autorégulation des banques ne fonctionne pas

Les principales banques canadiennes, qui font partie de celles qui financent le plus les énergies fossiles dans le monde, ont prouvé les limites de l'autorégulation et ont clairement montré que «les engagements volontaires» ne vont pas permettre au Canada de bâtir l'économie résiliente au changement climatique, selon les signataires.

En outre, les organisations demandent au premier ministre désigné de mettre en place les mesures incitatives nécessaires pour éviter que «le Canada ne sombre davantage dans la tragédie de l'horizon, qui sacrifie les générations futures sur l'autel du profit à court terme».

«Allez-vous défendre un système financier tourné vers l'avenir et respectueux du climat qui uniformise les règles du jeu?»

Les signataires terminent leur missive en indiquant qu’ils savent que l'action climatique tient à coeur à Mark Carney, et qu’il n’est pas seul, car «trois Canadiens sur quatre souhaitent que les institutions financières fassent passer le bien de la société à long terme avant les profits à court terme».

Cette citation fait référence à un sondage réalisé en novembre 2023 pour le compte d’Ecojustice.

Stéphane Blais, La Presse Canadienne

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