De la naloxone pour Noël et pour des fêtes de fin d'année sûres
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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Face au risque d'intoxication au fentanyl — un opioïde hautement létal — dans la population générale, Urgences-Santé se dit en faveur à ce que «Monsieur et Madame tout le monde» aient en leur possession l'antidote communément appelé, la naloxone.
Entre party de Noël et célébrations du Nouvel An, les fêtes de fin d'année sont un moment propice à la consommation de substances. Ces dernières peuvent s'avérer être coupées à du fentanyl. Outre les populations marginalisées, la population générale peut se retrouver également en danger.
«La crise des opioïdes est un enjeu réel et on sait que les festivités peuvent mener à la consommation», a affirmé en entrevue avec La Presse Canadienne, le commandant et porte-parole corporatif d’Urgences-santé, également ambulancier paramédical, Jean-Pierre Rouleau. «Advenant une intoxication, Monsieur et Madame tout le monde peuvent administrer la dose de naloxone et faire une différence.»
Au Québec, il est possible de se procurer directement — gratuitement et sans prescription — une trousse de naloxone en pharmacie. Elle contient l'antidote à injecter par voix nasales à la personne en état de surdose afin d'inhiber les effets du fentanyl. Lors d'une intoxication, ce dernier va provoquer un arrêt respiratoire et une altération de l'état de conscience, pouvant ensuite mener au décès.
La naloxone est à vaporiser directement dans la narine de la personne intoxiquée. Une seule dose suffit normalement, mais il faut tout de même surveiller la façon dont la personne réagit pour déterminer si une autre dose est nécessaire.
«On va être en présence d’une personne inanimée et en quelques secondes à peine, cette personne va reprendre ses fonctions», a expliqué Jean-Pierre Rouleau. Il invite toutefois les personnes à garder une distance sécuritaire avec la personne qui se voit administrer de la naloxone jusqu'à l'arrivée des secours, car il est difficile de prédire son état une fois qu'elle sera réveillée.
Selon le porte-parole d'Urgences-santé, la majorité de leurs interventions se fait auprès de clientèles plus marginalisées, comme les personnes en situation d'itinérance, mais les cas d'intoxication accidentelle ou de surdose lors d'évènements festifs ne se font pas rares.
«Il est clair qu’il arrive que nous devons administrer de la naloxone dans des familles ou dans des domiciles privés, a indiqué Jean-Pierre Rouleau. Ça peut arriver qu’une personne pense acheter une substance X à l’intérieur de laquelle peuvent se trouver, à son insu, des traces de fentanyl qui peut mener à une intoxication importante.»
Le fentanyl peut également être prescrit par un médecin, car il s'avère être un puissant antidouleur. Jean-Pierre Rouleau invite donc la population à être consciente du risque d'intoxication accidentelle en éloignant notamment le fentanyl de la portée des enfants.
«Avoir une trousse (de naloxone) peut faire la différence entre la vie et la mort», a ajouté M. Rouleau.
21 décès en moyenne par jours
Selon les données du gouvernement fédéral, 1906 décès apparemment liés à une intoxication aux opioïdes ont été recensés entre janvier et mars 2024, soit une moyenne de 21 décès par jour à travers le Canada. Sur l’ensemble des décès accidentels apparemment liés à une intoxication aux opioïdes, 81 % impliquaient du fentanyl.
Le nombre d'interventions des services médicaux d’urgence (SMU) pour des surdoses suspectées d’être liées aux opioïdes s'élève à 8719 depuis le début de l'année, soit une moyenne de 96 interventions des SMU chaque jour à travers le pays.
Urgences-santé, qui dessert les villes de Montréal et Laval indique avoir administré plus de 300 doses de naloxone depuis le début de l'année. Dans près de 50% des interventions, le patient avait déjà reçu une dose de l'antidote avant leur arrivée.
Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) du Québec a instauré depuis novembre 2017 un programme universel d'accès gratuit à la naloxone depuis les pharmacies communautaires. À ce jour, Québec a autorisé 1900 d'entre-elles à distribuer l'antidote, ainsi que 140 organismes communautaires à travers la province. Le MSSS affirme que l’approvisionnement en naloxone se fait de façon continue avec différents fournisseurs.
Il rappelle que la naloxone est «sans danger pour les gens de tous âges» et qu'elle fait effet seulement si des opioïdes sont présents dans l'organisme. Elle n’aura donc pas d’effet nocif si elle est administrée à quelqu’un qu’on croit intoxiqué, mais qui ne l’est pas en réalité.
Le MSSS se dit quant à lui d’«avis que les personnes à risques d’intoxication aux opioïdes et les personnes de leur entourage devraient se procurer de la naloxone afin d’être en mesure d’agir en cas d’incident».
L'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) met à disposition sur son site internet une carte interactive permettant de localiser les endroits où il est possible de se procurer en tout temps de la naloxone.
Quentin Dufranne, La Presse Canadienne