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«Comme en prison»: un passager du train de Via Rail bloqué raconte son expérience

durée 05h46
3 septembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Un touriste en visite au Canada s'interroge sur la sécurité des trains de Via Rail après avoir été à bord du train qui a été immobilisé pendant 10 heures cette fin de semaine entre Montréal et Québec en raison de problèmes mécaniques.

Chip Malt était en visite au Québec pendant la longue fin de semaine pour célébrer le 70e anniversaire de son père. Depuis Montréal, il a choisi de prendre le train pour se rendre à Québec, samedi.

Mais le trajet qui devait prendre trois heures a finalement duré près de 14 heures. En raison de deux problèmes mécaniques avec le train, les passagers se sont retrouvés coincés pendant 10 heures au «milieu de nulle part».

Selon M. Malt, les passagers ont tenté de sortir du train et ont essayé d'appeler des taxis ou d'autres services de raccompagnement, mais le train se trouvait dans un endroit si isolé qu'il n'y avait «aucune option».

«C'était ma première expérience avec Via Rail, et ce sera probablement ma dernière», a-t-il laissé tomber lors d'une entrevue téléphonique alors qu'il était de retour chez lui à Austin, au Texas.

«C'était comme être en prison.»

Dimanche, Via Rail a publié un communiqué pour s'excuser des «désagréments» causés aux passagers. Le transporteur a confirmé que le train avait dû être immobilisé pendant 10 heures entre Montréal et Québec après avoir connu deux problèmes mécaniques consécutifs.

L'entreprise a soutenu qu'aucun autobus n'était disponible dans le secteur pour prendre en charge les passagers. L'électricité, la climatisation et les toilettes ont été coupées à certains moments pour permettre des réparations et l'attelage avec un autre train, a expliqué la compagnie.

«Nous nous engageons à offrir un service à la clientèle exceptionnel et à nous assurer que tous les passagers sont traités avec respect et dignité», peut-on lire dans le communiqué.

Selon M. Malt, des collations ont été offertes une heure et trois heures après le début de la panne, mais les passagers ont fini par manquer de nourriture et d'eau.

«(Les employés) sont venus avec une cruche d'eau et ils ont dit: "Est-ce que quelqu'un est déshydraté? C'est ce qu'il nous reste"», a-t-il raconté.

Au même moment, les toilettes ont cessé de fonctionner, a-t-il ajouté.

Cellulaire confisqué

Au bout de huit heures, les gens se levaient pour se dégourdir les jambes, y compris M. Malt, qui souhaitait laisser plus d'espace à sa femme qui a dû passer un entretien d'embauche depuis le train.

À ce moment, un employé aurait «poussé une femme contre le mur» alors qu'il passait, demandant aux gens de s'asseoir, selon M. Malt.

«Il a commencé à crier sur cette dame. Là, des gens ont commencé à filmer, et moi aussi. J'étais juste à côté de lui», a-t-il relaté.

«Dès qu'il a vu que je filmais, il s'est penché et m'a arraché mon téléphone.»

Via Rail a fait savoir qu'une enquête a été ouverte à propos de cet échange et a assuré que des mesures appropriées seront prises après l'examen, si nécessaire.

Versions contradictoires

N'ayant plus d'eau à distribuer, les employés auraient commencé à donner de la bière et de la vodka aux gens, selon M. Malt. Le personnel a également essayé de faire participer les passagers à des exercices de yoga pour les aider à se détendre, ce qui a fini par frustrer les passagers, selon ce qu'a pu constater le touriste américain.

À un certain point, certains passagers, dont M. Malt, ont envisagé de briser les fenêtres pour s'échapper. Mais selon M. Malt, même s'ils avaient réussi à sortir, le train était entouré par une zone de construction, de sorte qu'ils auraient dû escalader des clôtures et traverser du béton et du goudron pour atteindre le bord d'une autoroute, a-t-il dit.

M. Malt a soutenu que le personnel n'a fourni aucune information sur la raison de la panne ou sur l'aide à venir. Selon ses dires, les employés répétaient sans cesse la même déclaration, selon laquelle ils n'avaient «aucune autre information pour le moment».

Dans une déclaration transmise lundi, Via Rail a nié avec véhémence avoir donné de l'alcool aux gens. Le transporteur a également insisté sur le fait qu'il fournissait des mises à jour toutes les 30 minutes aux passagers «même si la mise à jour ne visait qu'à informer les gens que la situation n'avait pas changé ou que les réparations se poursuivaient».

«Cela est malheureusement souvent perçu comme "pas de mise à jour"», a déclaré la société.

Le ministre Rodriguez veut des explications

Via Rail a finalement placé un autre train de passagers à côté du train en panne sur une voie parallèle. Les pompiers ont été appelés à se rendre sur les lieux pour aider les passagers à passer d'un train à l'autre, a indiqué M. Malt, et de la pizza a été apportée.

Mais comme le deuxième train transportait déjà des passagers, de nombreuses personnes devaient se tenir debout lorsque le train a finalement atteint Québec.

Le ministre fédéral des Transports, Pablo Rodriguez, a promis dimanche de faire toute la lumière sur cet événement, affirmant qu'il rencontrerait la direction de Via Rail cette semaine. Il a également écrit sur le réseau social X que «les passagers méritent mieux».

M. Malt a finalement pu célébrer le 70e anniversaire de son père — et Québec a été à la hauteur de ses attentes.

Mais il a noté que de nombreux passagers ont fait valoir que le train était tout neuf. Il s'interroge sur la sécurité des nouveaux trains.

Il a également estimé que l'entreprise devrait être préparée pour gérer les retards, mais que le personnel était «agressif et causait des problèmes».

«Nous ne nous sentions plus en sécurité dans le train», a-t-il tranché.

Mickey Djuric, La Presse Canadienne

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