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Blanchet veut que Poilievre arrête l'obstruction pour faire tomber le gouvernement

durée 15h08
29 octobre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, demande à son vis-à-vis conservateur, Pierre Poilievre, de mettre fin à la paralysie parlementaire pour qu'ils puissent tenter de faire tomber le gouvernement.

Il a lancé mardi ce message alors que l'heure de l'échéance de l'ultimatum du Bloc québécois aux libéraux a sonné.

«Pour renverser le gouvernement, il faut que le Parlement fonctionne», a souligné M. Blanchet. En effet, aucune motion de censure susceptible de signer l'arrêt de mort du gouvernement ne peut être soumise aux voix étant donné la paralysie des travaux de la Chambre des communes.

À la demande des conservateurs, deux questions de privilège sont débattues depuis des semaines et empêchent les députés de se pencher sur toute autre question. Les conservateurs disent vouloir forcer le gouvernement à rendre publics des documents demandés en comité et qui n'ont pas été communiqués.

Or, le débat s'éternise et aucun vote sur ces deux questions de privilège n'a eu lieu pour clore la discussion-fleuve et passer à autre chose.

«Si les conservateurs veulent que le gouvernement tombe, ils vont devoir arrêter leurs enfantillages», a ajouté M. Blanchet en anglais, utilisant l'expression «stop being childish».

Le bureau de M. Poilievre n'a pas répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire de La Presse Canadienne visant à lui offrir la possibilité de réagir aux critiques du Bloc.

Néanmoins, le député conservateur Jacques Gourde a déclaré que «les ficelles des prochaines élections s'attachent lentement, mais sûrement».

En attendant, le chef bloquiste signale être contre l'idée de recourir au bâillon pour mettre fin à la paralysie parlementaire.

«C’est complètement farfelu comme scénario. Les conservateurs, (s’ils) arrêtent leur (obstruction), peuvent (…) déposer une motion de défiance qui, sous réserve du libellé, sera appuyée par le Bloc québécois», a soutenu M. Blanchet.

La formation souverainiste avait donné aux libéraux jusqu'à mardi pour faire adopter deux projets de loi, l'un sur la protection de la gestion de l'offre et l'autre sur une hausse de la pension de la Sécurité de la vieillesse pour les aînés de 65 ans à 74 ans.

Or, ni l'un ni l'autre n'est devenu loi.

Le Bloc a promis, au-delà de la date butoir, d'entamer des discussions avec les autres partis d'opposition pour faire tomber le gouvernement et déclencher des élections fédérales. Le leader parlementaire du Bloc, Alain Therrien, a fait parvenir à cet effet une lettre à ses homologues conservateurs et néo-démocrates.

Le chef bloquiste a rappelé mardi que le Nouveau Parti démocratique (NPD) a appuyé les deux projets de loi bloquistes.

«Si le NPD (...) veut être cohérent, voyant que le gouvernement n’a rien livré de ce que les Québécois et Canadiens veulent, il devrait se faire imprimer des campagnes électorales», croit M. Blanchet.

Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh ne semble pas pressé de se retrouver en campagne électorale. «Ce n'est pas notre but de chercher une élection. Nous n'avons pas peur d'une élection, mais on ne cherche pas une élection non plus», a-t-il dit lundi au cours d'un passage à Toronto.

Il martèle depuis des semaines que sa priorité est qu'Ottawa conclue des ententes avec les provinces et territoires pour la couverture des contraceptifs ainsi que des médicaments pour traiter le diabète.

Or, le chef adjoint du NPD, Alexandre Boulerice, a affirmé mardi que l'atteinte de cette priorité n'a pas d'incidence sur la façon dont le parti votera sur une tentative de faire tomber le gouvernement.

«On verra à chaque fois ce qu’il y a dans ce qui est mis sur la table, si c’est intéressant et si ça aide les gens pour vrai», a-t-il soutenu.

Le député y est par ailleurs allé d'une offensive frontale à l'égard des bloquistes, soutenant sur le réseau social X qu'ils manient «l'art de se peinturer dans le coin et ne rien obtenir pour les gens». Il a truffé son commentaire d'une infographie du roi Charles III et de M. Blanchet sur laquelle on peut lire «deux symboles à Ottawa qui ne servent à rien».

De leur côté, les libéraux refusent de montrer quelconque signe d'inquiétude face à la possibilité que leur gouvernement soit renversé. «Le Bloc a décidé de s'auto-imposer une date limite artificielle après laquelle ils arrêtaient de travailler pour les Québécois. Nous, on va continuer (...) tous les jours», a lancé leur lieutenant du Québec, Jean-Yves Duclos.

Les élections fédérales doivent avoir lieu au plus tard le 20 octobre 2025, mais le gouvernement libéral minoritaire pourrait tomber à tout moment.

Jusqu'à présent, les conservateurs ont échoué à faire adopter des motions de censure de leur cru. Bloquistes et néo-démocrates s'y sont opposés, votant avec les libéraux. Le Bloc se dit désormais prêt à faire tomber le gouvernement à la première occasion qui se présentera.

Si des élections sont déclenchées, tous les projets de loi encore à l'étude, y compris les deux propositions bloquistes, mourront au feuilleton.

Malgré cela, M. Blanchet fait valoir que les projets de loi du Bloc «sont immortels». «Ce qui veut dire que le lendemain de l’élection, ils reviennent encore», a-t-il dit. Or, le compteur repartirait à zéro pour les deux projets de loi dont l'étude parlementaire est actuellement plutôt avancée.

Selon M. Blanchet, les libéraux ont été hypocrites en appuyant le projet de loi sur la protection de la gestion de l'offre. «Si le gouvernement avait été sérieux dans sa volonté de donner un projet de loi sur les retraites, sur la gestion de l'offre aux Canadiens et Québécois, ces deux projets de loi aujourd'hui seraient mis en œuvre», a-t-il déclaré.

Au moment du vote en deuxième lecture du projet de loi bloquiste sur l'aide aux aînés, les libéraux avaient voté contre la proposition, bien qu’ils l’aient appuyée à l’étape de l’étude en comité.

- Avec des informations de Michel Saba

Émilie Bergeron, La Presse Canadienne