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Anaida Poilievre ne s'adressera finalement pas à l'Assemblée de l'APN

durée 17h07
3 décembre 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Le conseil des femmes de l'Assemblée des Premières Nations s'est dit reconnaissant qu'Anaida Poilievre ne prenne plus la parole lors de leur rassemblement après que le groupe ait exprimé des inquiétudes quant à sa participation.

L'épouse du chef conservateur Pierre Poilievre devait parler mercredi de la traite des êtres humains lors d'un panel avec le chanteur et défenseur Paul Brandt. Un porte-parole du Parti conservateur et le conseil des femmes ont tous deux confirmé mardi qu'elle ne participerait pas à l'événement.

Le conseil des femmes de l'APN n'avait pas été consulté sur ce point à l'ordre du jour, a expliqué la cheffe adjointe de la nation Nishnawbe Aski, Anna Betty Achneepineskum, aux personnes réunies à Ottawa pour l'assemblée spéciale des chefs.

Entourée d'une douzaine de délégués, Mme Achneepineskum a fait savoir qu'il y avait des membres des Premières Nations qui sont des voix fortes et des défenseurs de cet enjeu.

«Nous sommes reconnaissants que Mme Anaida Poilievre ait changé d'avis et ne fasse pas de présentation», a-t-elle déclaré.

Anaida Poilievre ne serait pas présente parce qu'elle est malade, a fait savoir mardi matin un porte-parole du Parti conservateur.

Cette réunion fait suite à une assemblée houleuse en octobre dernier, au cours de laquelle les chefs ont rejeté un accord de 47,8 milliards $ sur la réforme du système de protection de l'enfance conclu avec le Canada, après des décennies de batailles juridiques qui ont révélé que le gouvernement fédéral discriminait les enfants des Premières Nations.

Elle intervient également alors que les chefs s'inquiètent de plus en plus d'un changement de gouvernement, avec des élections fédérales imminentes et un Parlement bloqué, ce qui signifie que des projets de loi essentiels pour les Premières Nations n'avancent pas.

Les rassemblements de l'Assemblée sont souvent suivis par des politiciens fédéraux. Le premier ministre, Justin Trudeau, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, et le chef du NPD, Jagmeet Singh, devraient prendre la parole. Il en va de même pour plusieurs ministres du gouvernement.

Pierre Poilievre ne devrait pas être présent à cette assemblée et aucun député conservateur n'est inscrit à l'ordre du jour.

La cheffe nationale de l'APN, Cindy Woodhouse Nepinak, a indiqué lors d'une entrevue lundi que l'organisation continuerait d'inviter M. Poilievre à s'adresser aux chefs et qu'il pourrait se joindre à eux pour des discussions lors de la prochaine assemblée.

Le dirigeant conservateur s'est adressé à l'APN pour la première fois depuis qu'il a été nommé chef du parti lors de son assemblée générale annuelle, en juillet dernier.

Certains chefs ont semblé apprécier une partie de ce qu'il avait à dire, applaudissant généreusement lors d'un discours qui soulignait son engagement à faire progresser la réconciliation économique avec les Premières Nations et à créer des emplois, notamment grâce au développement des ressources.

Judy Wilson, déléguée à la réunion, avait mentionné à l'époque qu'il fallait reconnaître qu'une poignée d'anciens combattants et de représentants du conseil LGBTQ+ de l'Assemblée se sont tenus silencieux et ont tourné le dos à Pierre Poilievre pendant qu'il parlait.

Elle a ensuite fait remarquer à M. Poilievre qu'il n'avait pas mentionné la question des femmes autochtones assassinées ou disparues ni la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, ainsi que les droits inhérents, pendant son discours.

Bien que Pierre Poilievre ne participe pas à cette assemblée, les chefs ont rencontré des membres du Parti conservateur à Ottawa.

De nombreux enjeux en question

La cheffe Woodhouse Nepinak a affirmé aux délégués mardi matin qu'un changement fondamental était en train de s'opérer dans le pays et que les Premières Nations sont au cœur de ce changement.

«Il y a tellement de travail à faire, mais en renforçant nos relations — (en étant) unis — nous pouvons tout faire ensemble», a-t-elle soutenu.

Elle parlait notamment de la croissance des économies autochtones, de la réconciliation et d'une série de décisions judiciaires favorables qui ont tenu le Canada responsable du non-respect de ses obligations en vertu des traités et ont affirmé les droits des Premières Nations.

«Chacune de ces victoires envoie un message aux gouvernements provinciaux et fédéral selon lequel les Premières Nations ne peuvent plus être laissées de côté», a-t-elle insisté.

La cheffe Woodhouse Nepinak a évoqué l'élection à venir dans son discours d'ouverture, affirmant que l'APN continuera de «repousser les limites de la loi et de veiller à ce que nos droits inhérents et issus de traités soient pleinement mis en œuvre au Canada».

Elle a également exhorté les Premières Nations à participer aux élections, affirmant que leur voix et leurs votes comptent.

Une résolution d'urgence, doit être discutée mardi après-midi, demande une enquête nationale sur le racisme systémique dans les services de police.

Cette résolution intervient après que neuf personnes ont été tuées lors d'interactions avec la police dans différentes régions du pays en septembre, ce qui a suscité des appels au changement.

Mme Woodhouse Nepinak avait souligné lundi qu'elle s'attend à ce que la législation sur la police soit un sujet de discussion majeur, affirmant que les Premières Nations sont toujours négligées, même si elles sont constamment confrontées à ces problèmes.

Le sous-financement et le manque de forces de police des Premières Nations «coûtent des vies aux Premières Nations», a-t-elle martelé mardi matin.

«Il est temps de dire une fois pour toutes que la vie de nos Premières Nations compte dans ce pays», a-t-elle ajouté.

Alessia Passafiume, La Presse Canadienne

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