Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Une milliardaire chinoise de Colombie-Britannique souhaite acquérir La Baie d'Hudson

durée 20h50
8 avril 2025
La Presse Canadienne, 2024
durée

Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

Une milliardaire chinoise de Colombie-Britannique a annoncé sur les réseaux sociaux son intention d'acquérir des dizaines de magasins La Baie d'Hudson après avoir constaté la tristesse des Canadiens face à l'effondrement du géant de la vente au détail.

L'entrepreneure Weihong Liu est présidente du conseil d'administration de Central Walk, une société d'investissement dans le commerce de détail qui possède trois centres commerciaux en Colombie-Britannique.

Mme Liu a partagé une série de vidéos sur la plateforme chinoise RedNote, affirmant vouloir «redonner sa gloire à La Baie».

«Sachant que La Baie, cette marque nationale qui porte l'histoire du Canada, va s'effondrer, je ne peux pas rester les bras croisés. Vous devez faire de votre mieux pour la sauver et perpétuer l'esprit canadien, a indiqué Mme Liu en mandarin. Laissons la jeune génération canadienne retomber amoureuse de La Baie.»

Dans l'une de ses vidéos, Mme Liu a exposé sur un tableau blanc son projet d'affaires visant à acquérir de nombreux magasins, affirmant que La Baie a des centaines d'années d'histoire et qu'elle ne veut pas la voir s'effondrer.

«Nous, Canadiens, devons nous unir, revitaliser le commerce de détail, résoudre les problèmes d'emploi et créer des miracles», a-t-elle souligné.

Les vidéos la montrent en train de visiter les magasins de La Baie, de Toronto à Calgary, aux côtés de Linda Qin, agente immobilière de la Colombie-Britannique.

Les origines de La Baie d'Hudson remontent à 1670, alors qu'elle était une entreprise de traite des fourrures. Son premier grand magasin a ouvert ses portes à Winnipeg en 1881, puis s'est étendu à tout le pays.

La Baie liquidera la totalité de ses 80 magasins, sauf six, ainsi que ses trois magasins Saks Fifth Avenue et ses 13 magasins Saks Off 5th au Canada, qu'elle détient en vertu d'un contrat de licence.

Dans une vidéo publiée le mois dernier, Mme Liu a mentionné qu'elle soumettrait sa proposition pour les actifs de La Baie dans les prochains jours.

Les offres fermes pour les actifs ou les investissements de la société doivent être déposées le 30 avril, tandis que les candidats aux baux doivent déposer une offre avant le 1er mai.

Mme Liu n'a pas pu être jointe pour une entrevue, tandis que Mme Qin a précisé par message texte à La Presse Canadienne que d'autres annonces suivraient.

La porte-parole de La Baie d'Hudson, Tiffany Bourré, a refusé de commenter l'offre.

Le processus de cession des baux de La Baie d'Hudson et de Saks est supervisé par Alvarez & Marsal, un tiers nommé par le tribunal pour accompagner La Baie d'Hudson dans le cadre de la protection contre ses créanciers, et par le courtier immobilier Oberfeld Snowcap.

Aucun de ces cabinets n'a répondu à une demande de réaction visant à savoir s'ils avaient reçu une manifestation d'intérêt de Mme Liu.

Un deuxième processus visant à trouver des acheteurs ou des investisseurs pour les autres actifs de La Baie, qui pourraient inclure les droits sur sa célèbre marque Stripes ou même ses œuvres d'art, est mené par Alvarez & Marsal et Reflect Advisors, le conseiller financier de La Baie d'Hudson.

«Il n’est pas approprié pour nous de commenter tant que le processus de vente est en cours», a avancé Adam Zalev, directeur général de Reflect.

Pas si simple

Les analystes du commerce de détail estiment que la bataille sera ardue pour Mme Liu.

Craig Patterson, fondateur et éditeur de Retail Insider, a visionné l’une des vidéos de Mme Liu en ligne et a estimé qu’elle «pourrait simplement être en quête d’attention sur les réseaux sociaux».

M. Patterson a expliqué qu’il serait difficile de relancer les magasins, car les investisseurs doivent d’abord trouver des vendeurs prêts à leur vendre des produits. Dans ce cas, les commerçants préféreraient le paiement à la livraison plutôt que d’être payés ultérieurement.

Il a ajouté que, pour que la chaîne soit viable en tant que détaillant pour les vendeurs, Mme Liu devra posséder au moins 15 magasins.

«Et il faudra évidemment de l’argent pour rénover les magasins et proposer les produits», a précisé M. Patterson.

Il a indiqué que l’une des propriétés de Mme Liu, le centre commercial Woodgrove à Nanaimo, était en vente.

Colliers Canada fait la promotion du centre sur son site web.

Lisa Hutcheson, stratège en vente au détail chez J.C. Williams Group, a déclaré qu'il serait difficile d'obtenir l'adhésion des fournisseurs pour tout investisseur potentiel.

«Je pense que le risque majeur actuel est que ces fournisseurs se démènent pour être payés», a expliqué Mme Hutcheson, ajoutant que le rétablissement de ces relations nécessiterait «une grande confiance».

Revoir la stratégie commerciale est également important, a-t-elle ajouté, car acheter le magasin et le conserver tel quel ne ferait que le transformer en «une autre marque superflue pour le moment».

«Je ne pense pas que ce soit une simple question de "je vais acheter ce magasin et le garder ouvert". Il faudra certainement encore du travail pour comprendre sa pertinence sur le marché, même si seule une personne a publiquement annoncé ses projets», a conclu Mme Hutcheson.

Nono Shen et Tara Deschamps, La Presse Canadienne