Un terrain de basketball historique est une «fierté» au Nouveau-Brunswick


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Par La Presse Canadienne, 2024
SAINT-STEPHEN — La montée du patriotisme suscitée par un président américain hostile remet en lumière tout ce que le Canada a apporté au monde, et une petite ville industrielle du Nouveau-Brunswick souhaite que le basketball fasse partie de cette liste.
Un bâtiment en briques niché entre un terrain vague et un bar sportif à St-Stephen, au Nouveau-Brunswick, abriterait le plus ancien terrain de basketball encore existant au monde, avec des archives d'un match qui s'y est déroulé le 17 octobre 1893.
Depuis des années, les habitants tentent de faire reconnaître le site comme il se doit et de le transformer en musée. L'essor de la fierté canadienne pourrait faire de ce rêve une réalité. Il est temps, disent-ils, que les Canadiens se dotent d'un nouveau sanctuaire dédié à ce sport inventé par James Naismith, né au Canada, alors qu'il était instructeur à l'école YMCA de Springfield, au Massachusetts.
«Un Canadien a inventé ce jeu, et le plus ancien terrain au monde où il a été pratiqué pour la première fois au Canada se trouve à St-Stephen, au Nouveau-Brunswick, a indiqué Tom Liston, un Néo-Brunswickois qui travaille comme investisseur en technologie à Toronto. Les gens commencent à y penser de plus en plus.»
C'est Lyman Archibald, un protégé de James Naismith né en Nouvelle-Écosse, qui a introduit ce sport à St-Stephen lorsqu'il a été nommé directeur du YMCA local. Au fil des ans, le bâtiment a servi de centre de recrutement pendant la Première Guerre mondiale, de salle de danse, de lieu de rencontre pour la Société Oddfellows et de première pharmacie de la province.
En 2010, un incendie a ravagé le bâtiment et les opérations de nettoyage ont mis à jour le plancher en bois franc d'origine du gymnase, dissimulé sous la moquette. Ce statut de «plus ancien du monde» est contesté, certains historiens affirmant que le YMCA de Paris possède le plus ancien terrain de basketball dans son état d'origine, bien que le premier match documenté ait eu lieu deux mois après l'importation du basketball au Canada par Lyman Archibald.
Aujourd'hui, une corbeille de fruits est suspendue à un mur, rappelant les paniers d'origine utilisés par James Naismith, mais cela fait plus d'un siècle que le plancher en bouleau du gymnase n'a plus été utilisé pour un match. La peinture bleu poudre des murs s'écaille et un détecteur de fumée a sonné à plusieurs reprises lors d'une récente visite.
Un projet en cours
Tom Liston appartient à l'association à but non lucratif Canada 1st Basketball, qui espère transformer le bâtiment en ce qu'il appelle un «centre d'expérience» qui comprendrait un temple de la renommée, des expositions interactives et un théâtre. Il accueillerait également des événements et des programmes pour les jeunes.
Le projet vise à recueillir un total de 18 millions $, dont 6 millions $ auprès de donateurs privés et d'entreprises et 6 millions $ auprès des gouvernements provincial et fédéral. M. Liston a indiqué que ces fonds serviraient à rénover le gymnase et à construire sur le terrain vacant adjacent, ainsi qu'à acquérir des objets auprès de collectionneurs privés et à créer des expositions.
La première ministre du Nouveau-Brunswick, Susan Holt, a récemment participé à un événement à Toronto afin de recueillir des fonds pour le réaménagement du gymnase, mais son cabinet n'a pas répondu à une question concernant le financement provincial. Selon M. Liston, le groupe avait déjà recueilli environ 3,5 millions $ auprès de donateurs privés, qui ont servi à l'achat de la propriété.
Miranda Ayim, joueuse de basketball canadienne et porte-drapeau des Jeux olympiques de 2021, a visité le terrain de St-Stephen à plusieurs reprises et est toujours enthousiasmée par son histoire.
Le fait qu'un sport inventé par un Canadien pour aider les hommes à rester actifs soit désormais reconnu comme l'un des sports les plus regardés et pratiqués au monde témoigne de la beauté et de la simplicité de ce sport, a souligné Mme Ayim.
«C'est un sport formidable. Il permet de rester actif, mais aussi, au-delà de cela, il rassemble les gens, peu importe leur origine, a-t-elle raconté. Il suffit d'un ballon et d'un panier.»
David Ganong, vice-président exécutif de la chocolaterie Ganong Bros. de St-Stephen et membre de Canada 1st Basketball, a précisé que les tensions avec l'administration du président américain Donald Trump — le Maine se trouvant juste de l'autre côté de la rivière Sainte-Croix — signifiaient que le moment était venu d'aller de l'avant.
«Nous ressentons actuellement une grande étincelle de patriotisme canadien, et je pense que ce projet s'inscrit parfaitement dans cette dynamique», a-t-il ajouté à propos du projet de basketball.
Richard Fulton, un autre membre du groupe, estime que le centre offre aux Canadiens une source de fierté. «Nous faisons partie du monde, mais nous avons aussi une identité et un caractère qui sont exclusivement canadiens (…), mais nous avons besoin d'un point central pour cela», a-t-il avancé.
«Le terrain peut donc devenir un point de convergence, non seulement au niveau local, mais aussi national, pour la communauté, et ainsi dire : “C’est à nous.” Nous devons être fiers de ces choses, tout comme nous sommes fiers des homards et des ours polaires», a-t-il soutenu.
Abriter le plus vieux terrain de basket du monde implique que la ville partage la responsabilité de le préserver et de le faire découvrir, a indiqué le maire de St-Stephen, Allan MacEachern.
«Le climat politique — le monde a été fou — est une raison de plus pour que nous ayons besoin d’un tel terrain, dont nous puissions rêver et profiter», a-t-il souligné.
Hina Alam, La Presse Canadienne