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Les araignées ne sont pas plus nombreuses, seulement plus visibles à la fin de l'été

durée 11h19
2 août 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Si vous avez l'impression de voir plus d'araignées actuellement, ce n'est pas parce qu'elles sont plus nombreuses : elles sont tout simplement plus visibles à la fin de l'été, indique un agent de recherche à l'Insectarium de Montréal.

«Je pense que cette impression qu'on a, d'en voir plus ou d'avoir l'impression d'en avoir plus cette année que l'année d'avant, ça parle peut-être plus de nous, puis de notre rapport à ces animaux-là que de réelles tendances pour leur population», a affirmé André-Philippe Drapeau Picard, agent de recherche à l’Insectarium, en entrevue.

M. Drapeau Picard dit avoir reçu des commentaires similaires par rapport aux moustiques ou aux guêpes, d'autres groupes d'insectes qui n'attirent pas un «grand capital de sympathie».

Toutefois, il est normal de remarquer davantage les araignées à la fin du mois de juillet et lors du mois d'août, car les araignées grossissent au fil de la saison.

«Ce n'est pas nécessairement qu’il y en a plus à ce temps-ci de l’année. En fait, il y en a sûrement moins qu’au début de l’été, où elles sortent de leur sac d’œufs par centaines, puis il y a beaucoup de mortalité chez les jeunes et les très jeunes araignées. Mais celles qui se rendent jusqu’à la fin de l’été, elles deviennent assez grandes», a expliqué M. Drapeau Picard.

Il a précisé que ce sont certains types d'araignées qui sont particulièrement visibles, comme celles de la famille des aranéides, comme les argiopes et les épeires, qui demeurent dans leur toile.

«Elles chassent de façon passive, donc elles attendent qu'il y ait des proies qui se prennent dans leur toile, ce qui les rend d'autant plus faciles à observer et à voir jour après jour.»

Les araignées ont un cycle de vie qui s'étend sur un an au Québec, a précisé l'agent de recherche. Elles passent souvent l'hiver au stade d'œuf, dans un sac d'œufs, avant d'éclore au printemps. Les jeunes araignées, nommées araignons, sont nombreuses en début de saison, mais plusieurs meurent en raison des prédateurs, de maladies, ou du cannibalisme entre les araignées.

Les araignées qui survivent atteignent leur maturité sexuelle vers la fin de l'été. Elles peuvent donc actuellement se reproduire, et les femelles vont pondre des œufs qui pourront éclore au printemps, a détaillé M. Drapeau Picard.

Les araignées sont-elles dangereuses?

Même si elles ne sont pas très populaires, les araignées ne représentent pas de réels enjeux de santé pour les humains au Québec, a affirmé M. Drapeau Picard.

Toutes les araignées sont venimeuses, car elles injectent du venin pour neutraliser leurs proies, explique-t-il. Toutefois, ce venin n'est pas assez puissant pour représenter un danger pour les humains, ou il ne se trouve pas en quantité suffisante, puisque les araignées sont petites au Québec.

«Étant donné leur petite taille, leurs chélicères, le nom de leurs crocs avec lesquels elles vont injecter le venin, de la majorité des araignées au Québec ne sont même pas assez gros pour percer la peau humaine», a indiqué M. Drapeau Picard.

L'agent de recherche précise qu'il demeure possible de se faire mordre par une araignée, et que cela peut être désagréable dans le cas des plus grosses araignées, au même titre qu'une piqûre de guêpe, par exemple.

M. Drapeau Picard soutient que «les bénéfices que nous apportent les araignées sont bien plus grands que les risques».

«Surtout au Québec, les araignées, ce sont des prédateurs généralistes, donc elles vont se nourrir de toutes sortes de choses, notamment des insectes ravageurs dans les champs. Elles vont contribuer à diminuer l'abondance des insectes piqueurs. C'est pour ça qu'on voit beaucoup d'araignées qui font leurs toiles sur les ponts, par exemple, ou proche de l'eau, c’est parce que c'est là que plusieurs insectes piqueurs se reproduisent», a-t-il souligné.

Alors, pourquoi sont-elles si peu appréciées?

M. Drapeau Picard a indiqué que l'Insectarium a été impliqué dans des projets dans lesquels il était question de savoir pourquoi les humains ont peur des araignées.

«Partant du constat que les araignées ne sont pas vraiment dangereuses pour les humains, pourquoi c'est une peur qui est aussi répandue? Parce que c'était vrai que c'est une des phobies animales qui est la plus répandue dans le monde», a-t-il affirmé, précisant toutefois qu'il estime que des araignées sauteuses peuvent être considérées comme mignonnes avec leurs deux grands yeux.

M. Drapeau Picard a dit qu'ils se sont questionnés à savoir si la peur des araignées provenait de l'évolution. «Par contre, dans la région qui est considérée comme le berceau de l'humanité, il y a peu d'araignées dangereuses», a-t-il indiqué, rendant cela donc peu probable qu'il y ait eu un avantage évolutif.

L'autre explication concernant l'origine de la peur des araignées se trouve plutôt du côté de la culture: elle serait donc acquise plutôt qu'innée.

«On le sait dans plusieurs œuvres de fiction, les araignées ont souvent le mauvais rôle ou sont associées à des créatures maléfiques qui font peur», a dit M. Drapeau Picard. Il a souligné que le ton utilisé par les médias pour parler des araignées peut être sensationnaliste, ce qui peut contribuer à la peur de ces arthropodes.

Coralie Laplante, La Presse Canadienne