Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Legault «assume complètement» les choix du gouvernement qui ont mené à la décote

durée 09h28
18 avril 2025
La Presse Canadienne, 2024
durée

Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Le premier ministre François Legault «assume complètement» les choix économiques de son gouvernement, même si certains d'entre eux ont conduit l'agence de notation Standard & Poor's (S&P) à abaisser la cote de crédit du Québec pour la première fois en 30 ans.

Dans un long message publié vendredi matin sur les réseaux sociaux, M. Legault a reconnu que son gouvernement aurait pu prendre d’autres décisions financières, qui auraient peut-être permis d'éviter une décote, et que la décision de S&P est une «mauvaise nouvelle».

Il a cependant soutenu que tous les choix qu'il a faits depuis son arrivée au pouvoir ont été guidés par les convictions de la Coalition avenir Québec.

«Si le gouvernement est en déficit et si une agence de notation nous a décotés, c’est parce qu’on a pris des décisions fondées sur nos convictions», a-t-il écrit, ajoutant qu'il «assume complètement» ses choix.

«Le déficit, on va l’effacer progressivement avec une économie forte et un État plus efficace. C’est beaucoup de travail, mais on est là pour ça et on va le faire», a-t-il promis.

Des dépenses justifiées

Mercredi, S&P a fait passer sa note pour le Québec de AA− à A+ avec une perspective stable. Une note de A+ signifie que S&P considère que le gouvernement a une forte capacité de respecter ses engagements financiers auprès de ses créanciers, mais avec légèrement plus de risque qu’avec une note de AA-.

L'agence a attribué sa décision à une série de facteurs, notamment le ralentissement de la croissance démographique, l’augmentation des salaires des employés de l’État et une diminution des revenus.

Vendredi, François Legault a répliqué à S&P en plaidant que toutes les dépenses de son gouvernement qui sont remises en question étaient justifiées.

Il a entre autres martelé que l’augmentation des salaires des employés de l’État était essentielle pour valoriser les travailleurs du réseau public, comme les enseignants et les infirmières. «La firme S&P trouve que le gouvernement a été trop généreux. Pas moi», a-t-il tranché.

Le premier ministre a également rappelé que Québec doit faire des investissements massifs dans les infrastructures, qui s'élèveront à 19 milliards $ par année lors des trois prochaines années.

«La firme S&P considère que c’est trop. Nous pensons au contraire que le déficit le plus important que nous avons au Québec, c’est le déficit d’investissement dans nos hôpitaux, nos écoles, nos transports, nos aqueducs, et autres», a-t-il déclaré.

M. Legault a aussi admis que le gouvernement s'est privé de certains revenus, notamment en réduisant les taxes scolaires, en augmentant les allocations familiales et en limitant l’augmentation des tarifs d’électricité.

Mais encore une fois, il a confirmé qu'il était en paix avec ses choix. «C’est ma conviction absolue qu’on ne doit pas alourdir le fardeau fiscal des Québécois et qu’au contraire, on doit en remettre le maximum dans votre portefeuille», s'est-il défendu, s'adressant directement à la population.

«Il n’est pas question pour moi de renoncer à ces trois convictions.»

Création de richesse

Même si le dernier budget présenté par le ministre des Finances, Eric Girard, prévoit un déficit record de près de 14 milliards $ pour 2025-2026 et que les partis d'opposition l'accusent d'être trop dépensier, François Legault est d'avis que le Québec reste dans une bonne position financière.

Selon lui, «les oppositions et les médias pointent toujours les mêmes projets qui sont en difficulté, comme Northvolt, mais (son gouvernement) a aidé des centaines d’entreprises qui ont connu des succès».

«Quand on regarde l’ensemble, notre performance économique a été très bonne, de loin meilleure que celle des gouvernements libéraux et péquistes», a-t-il affirmé.

Il a soulevé que le gouvernement peut encore en faire davantage pour que l'État devienne plus efficace.

«Il y a trop d’employés administratifs au sein du gouvernement et des réseaux. C’est pas que les employés ne travaillent pas fort, mais il y a beaucoup trop de paperasse, de rapports, de reddition de compte, de règlements. Il y a trop d’organismes, trop de services administratifs qui pourraient être fusionnés. Faut faire le ménage et c’est une de mes priorités», a-t-il confirmé.

La dernière fois que le Québec a subi une décote, c'était en 1995. Une moins bonne note peut entraîner une augmentation des taux d'intérêt sur la dette du gouvernement.

Lors d’une entrevue diffusée sur RDI, plus tôt cette semaine, le ministre Girard a dit qu’il ne craignait pas que la décision de S&P entraîne une augmentation des coûts d’emprunt du gouvernement.

«C'est que le Québec est très bien perçu sur les marchés financiers», a-t-il avancé, ce qui n'a pas empêché le porte-parole libéral en matière de finances, Frédéric Beauchemin, d'accuser le gouvernement de «jeter plusieurs millions de dollars aux poubelles».

Mathieu Paquette, La Presse Canadienne