Le Québec n'assouplira pas les mesures pour recruter des médecins des É.-U.


Temps de lecture :
4 minutes
Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Des médecins et des scientifiques reluquent le Canada pour venir y travailler en raison du contexte américain actuel. Aux États-Unis, des programmes sanitaires ont été supprimés et des licenciements de masse ont lieu dans le domaine de la santé. Plusieurs provinces mettent en place des mesures pour accélérer le recrutement de médecins américains, mais pas le Québec.
Dans un courriel transmis à La Presse Canadienne, le ministère de l'Immigration a confirmé qu'à l'heure actuelle, il ne prévoit pas de mesures pour encourager les médecins américains à venir s’établir au Québec.
Santé Québec a aussi indiqué par écrit qu'aucune mesure supplémentaire n’est actuellement prévue par l'agence pour faciliter le recrutement de médecins américains. Elle précise que les médecins ayant complété leur formation aux États-Unis ont accès au permis régulier du Collège des médecins du Québec (CMQ) et qu'ils doivent immigrer au Canada comme toute autre personne provenant de l’international.
En effet, les diplômés en médecine à l'international qui veulent exercer au Québec doivent faire reconnaître l’équivalence de leur diplôme de médecine obtenu dans leur pays par le CMQ. Il est aussi possible d'obtenir un permis restrictif en vue d'exercer au Québec.
Le Collège des médecins a dit constater «une légère augmentation du nombre de médecins américains qui demandent un permis d'exercice au Québec, ainsi que des médecins qui ont un permis d'exercice au Québec, qui ont quitté la province dans le passé pour exercer aux États-Unis et qui veulent revenir». Il précise que certains médecins ont mentionné leur souhait d'obtenir un permis au Québec spécifiquement en raison de l'administration Trump, mais il ne possède «rien de formel» sur les raisons qui pourraient motiver les Américains à venir exercer au Québec.
Les délais pour qu’un médecin des États-Unis obtienne la reconnaissance d’équivalence de son diplôme de docteur en médecine par le CMQ sont variables, et dépendent surtout de la rapidité à laquelle le candidat soumet l'entièreté des documents requis. «Pour un médecin de famille diplômé, formé et certifié des États-Unis, on peut parler de quelques semaines», indique par écrit le Collège des médecins. Toutefois, certains cas peuvent prendre des mois si le dossier doit être présenté au comité d’admission à l’exercice.
Pour les autres spécialités en médecine, cela dépend si le candidat est admissible à l’examen de sa spécialité par le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada et si oui, à quel moment l’examen a lieu, explique le CMQ. Les examens sont offerts une fois par année.
Des provinces se mettent en marche
Contrairement au Québec, d'autres provinces canadiennes ont décidé de faciliter le processus de recrutement — soit l'Ontario, la Colombie-Britannique, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et la Saskatchewan.
En Ontario, le gouvernement envisage des mesures supplémentaires et spécifiques pour faciliter la tâche des professionnels de la santé, notamment des consultations sur la possibilité pour les médecins et les infirmières autorisés aux États-Unis de travailler de plein droit sur le territoire ontarien. Le gouvernement souhaite aussi une reconnaissance automatique des titres de compétences des médecins et des infirmières des autres provinces et territoires.
La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) s’est jointe au mouvement lancé par l’Ontario. Dans un communiqué publié mercredi, la FCEI demande aux provinces d’accélérer la réduction des barrières interprovinciales et d’adopter la reconnaissance mutuelle.
«En période de crise comme celle que nous traversons actuellement avec les États-Unis, il faut être ouvert aux changements d’approche. Nos provinces voisines sont très actives. Le Québec ne doit pas rester dans les estrades à regarder les autres agir. Nous demandons au premier ministre du Québec, François Legault, de s'engager à déposer cette année un projet de loi visant à accélérer le commerce interprovincial et à adopter la reconnaissance mutuelle », a déclaré dans un communiqué le vice-président pour le Québec à la FCEI, François Vincent.
Du côté de la Saskatchewan, le gouvernement a lancé le 9 avril une campagne de recrutement aux États-Unis afin d'inciter des médecins à venir exercer dans la province. «Nous nous engageons à faire en sorte que les médecins de la Saskatchewan soient bien rémunérés pour leur travail acharné, qu'ils s'épanouissent professionnellement et qu'ils aient un équilibre positif entre leur vie professionnelle et leur vie privée, le tout avec un coût de la vie moins élevé», a mentionné dans un communiqué le ministre de la Santé, Jeremy Cockrill.
Au Manitoba aussi des efforts sont déployés pour attirer de la main-d'oeuvre américaine. Uzoma Asagwara, ministre de la Santé du Manitoba, a récemment fait savoir que la province était en discussion avec des médecins américains. La province compte l'un des plus faibles nombres de médecins par habitant au pays.
Doctors Manitoba, qui représente plus de 4000 médecins et étudiants en médecine de la province, avait déjà lancé une campagne de recrutement aux États-Unis peu après les élections, en diffusant des annonces dans plusieurs États et en créant un site web pour donner de l'information aux médecins intéressés.
-Avec des informations de Liam Casey et Allison Jones
—
Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.
Katrine Desautels, La Presse Canadienne