Le logement, la fraude fiscale et la Constitution au coeur du 17e jour de la campagne


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Le 17e jour de la campagne électorale fédérale a fait place à des promesses sur le logement et la fraude fiscale ainsi qu'un plaidoyer en faveur de la clause dérogatoire de la Constitution.
Thème central de la campagne des néo-démocrates, le dossier du logement a une nouvelle fois été mis de l'avant par Jagmeet Singh en promettant de resserrer les règles entourant les acheteurs étrangers.
Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) souhaite rendre permanente la mesure interdisant aux ressortissants étrangers d'acheter un immeuble résidentiel au pays, à l'exception de propriétés récréatives, comme les chalets.
De passage à Vancouver, mardi, M. Singh a expliqué vouloir empêcher les spéculateurs de faire grimper les prix des logements. Le NPD veut «préserver les logements dans les communautés résidentielles pour les personnes qui en ont le plus besoin».
Sur un thème similaire, le chef du Parti libéral du Canada (PLC) a promis de miser sur l'industrie canadienne du bois pour construire davantage de logements.
Mark Carney, qui était aussi en Colombie-Britannique, veut s'appuyer sur l'industrie du bois d'œuvre et du bois de construction pour déployer son plan visant à doubler le taux de construction résidentielle. Les libéraux ont comme objectif d'atteindre 500 000 logements par an pour les dix prochaines années.
L'industrie forestière est particulièrement importante dans cette province de l'Ouest et elle pourrait faire face à des droits de douane encore plus imposants de la part des États-Unis.
Le PLC propose de fournir 25 milliards $ en financement pour les constructeurs de maisons préfabriquées, incluant ceux qui choisissent du bois canadien.
Carney dans la mire de ses adversaires
De son côté, le chef du Parti conservateur du Canada (PCC), Pierre Poilievre, a promis de travailler à éliminer la fraude fiscale. Et il n'a pas manqué de s'en prendre à son rival libéral, qui s'est retrouvé sous le feu des critiques pour son travail passé dans la société Brookfield.
Selon Radio-Canada, M. Carney a coprésidé deux fonds d'investissement qui étaient enregistrés aux Bermudes, que plusieurs considèrent comme un paradis fiscal. Le chef libéral a plaidé que les bénéficiaires de ces fonds avaient payé des impôts au Canada.
Lors d'une conférence de presse à Edmonton, M. Poilievre a indiqué que s'il devient premier ministre, il mettra «fin au système fiscal à deux vitesses des libéraux, qui a profité à Mark Carney et aux autres élites mondiales».
Pour s'attaquer au problème, les conservateurs promettent de mettre sur pied un groupe de travail dont la mission sera entre autres «d'éliminer les failles qui permettent à des sociétés comme Brookfield de cacher leur argent».
Le PCC veut également rediriger les ressources de l'Agence du revenu du Canada pour qu'elle travaille à lutter contre les paradis fiscaux à l'étranger. Il propose aussi de créer un site internet pour dénoncer publiquement les entreprises qui «fraudent le système fiscal».
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, s'est aussi levé contre le chef libéral et son désaccord face au recours préventif par les provinces à la clause de dérogation prévue dans la Constitution.
Le bloquiste a défendu cette disposition, souvent appelée «clause nonobstant», et qui a récemment été utilisée par le gouvernement Legault dans le cas de la Loi sur la laïcité de l'État et celle de la réforme de la Charte québécoise de la langue française, connue comme étant la loi 96.
M. Blanchet a présenté cette clause comme «un rempart pour préserver la prérogative et la souveraineté des Parlements du Québec et des provinces».
Il a fait ce plaidoyer devant la Cour suprême du Canada, à Ottawa, s'agissant possiblement de son seul arrêt de l'autre côté de la rivière des Outaouais au cours de sa campagne.
Dans la même veine, le Bloc exige que les juges du Québec au plus haut tribunal du pays soient choisis sur une liste soumise par le gouvernement québécois. Il veut aussi s'assurer que les juges du plus haut tribunal du pays maîtrisent le français.
— Avec des informations de Sarah Ritchie et Émilie Bergeron
Frédéric Lacroix-Couture, La Presse Canadienne