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Des interventions alternatives ou complémentaires aux médicaments pour le TDAH

durée 04h30
16 avril 2025
La Presse Canadienne, 2024
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4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — L'activité physique pourrait être une intervention prometteuse pour les jeunes d'âge scolaire avec un déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), a identifié l'INESSS dans son plus récent rapport sur l'état des lieux des connaissances sur le sujet.

Dans ce rapport publié en avril, l'Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) soulève que l'activité physique peut réduire les symptômes du TDAH chez les enfants d'âge scolaire et les adolescents. Les jeunes, les parents et les enseignants consultés par l'INESSS se sont dits d'accord que l'activité physique aidait quant aux symptômes ou autres difficultés apparentées au TDAH.

L'Institut avait publié un avis en novembre 2024 qui reconnaissait comme efficaces deux interventions psychosociales. Il s'agit des interventions comportementales qui visent à enseigner aux enfants à adopter des comportements appropriés et à réduire les comportements problématiques dans différents milieux ainsi que des entraînements aux habiletés parentales offertes aux parents de jeunes d’âge préscolaire et scolaire qui ont reçu un diagnostic de TDAH.

Le Québec est dans un contexte particulier puisque c'est la province qui prescrit le plus de médicaments pour cet usage (6,4 %, comparativement à 2,4 % dans le reste du Canada en 2014-2015). Le taux de prescription de médicaments spécifiques au TDAH ne cesse d'augmenter chez les jeunes de 24 ans et moins dans la province.

De plus, la prévalence du trouble de déficit de l’attention est plus élevée au Québec que dans les autres provinces canadiennes, malgré l'application des mêmes critères diagnostiques pour évaluer le TDAH qu’ailleurs au Canada.

Devant ces constats, un regroupement de pédiatres québécois a lancé en 2019 une mise en garde contre la croissance constante des diagnostics et de la prescription de médicaments pour le TDAH chez les enfants.

En 2020, la Commission de la santé et des services sociaux du Québec écrivait dans un rapport qu'il fallait améliorer l’accès aux services et favoriser les interventions psychosociales et l’approche multimodale. Le gouvernement a décidé de se doter d'une mesure dans son Plan d’action interministériel en santé mentale 2022-2026 pour répondre à ces préoccupations. Il vise à mettre en place un guide de trajectoire diagnostique et de services pour les jeunes ayant un TDAH.

Problèmes d'accès aux services

Dans une réponse écrite à La Presse Canadienne, l'INESSS a expliqué que par la production de son Guide de prise en charge et d’évaluations de différentes approches non pharmacologiques, il visait à soutenir «les cliniciens, les milieux de soins et les décideurs du réseau en mettant à leur disposition l’état actuel de la science concernant les différentes approches de traitement».

Il recommande pour la plupart des jeunes âgés entre 6 et 17 ans une combinaison d’interventions pharmacologiques et psychosociales ainsi qu’une approche individualisée et un suivi régulier pour réduire les symptômes d’inattention, d’impulsivité ou d’hyperactivité. Chez les enfants de moins de six ans, il préconise plutôt une approche basée uniquement sur des interventions psychosociales.

De plus, les interventions comportementales devraient être proposées aux enfants d'âge scolaire et aux adolescents avec un TDAH pour réduire leurs symptômes et améliorer le fonctionnement social. Ces interventions emploient notamment des techniques qui ciblent des types de comportements, tels que l'accomplissement des tâches ménagères, la capacité à demeurer concentré sur une tâche individuelle ou à lever la main pour parler en classe.

L’INESSS souligne la pertinence d’offrir une prise en charge qui combine plusieurs modes d'interventions en favorisant celles qui sont psychosociales.

Il reconnaît toutefois dans son avis de novembre dernier que «le manque d’accessibilité des interventions psychosociales pour le TDAH au Québec est une préoccupation qui a été soulevée par plusieurs instances au cours des dernières années, dont la Commission de la santé et des services sociaux».

Les problèmes d’accessibilité aux services ont aussi été qualifiés «d'enjeux majeurs» par les parents et les jeunes consultés par l'INESSS. «Ils ont mentionné qu’ils doivent recourir à des services dans le secteur privé, notamment pour l’évaluation diagnostique du TDAH. Les parents ont aussi souligné le manque de services spécialisés en TDAH et de ressources pour les jeunes adultes. Parallèlement, des parents ont aussi rapporté que la médication était un enjeu important, notamment en raison des effets secondaires et de la durée de son effet. Ils ont aussi mentionné la nécessité que les médecins réévaluent le TDAH de façon régulière et qu’ils discutent de stratégies psychosociales au lieu de prescrire systématiquement une médication, sinon d’envisager que la famille rencontre un spécialiste en TDAH», peut-on lire dans l'avis.

L'INESSS indique qu'il serait «souhaitable d’optimiser l’accès aux interventions» dans la trajectoire de soins afin de favoriser un développement optimal des jeunes.

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

Katrine Desautels, La Presse Canadienne